Vingt-quatre (24) films sont programmés en compétition (huit dans chaque catégorie) et sept autres films hors compétition du 7 au 14 novembre. Exceptionnellement, cette année, le Festival international du cinéma d'Alger, dédié au film engagé ne se tiendra pas au mois de décembre comme cela était coutume lors des éditions précédentes. Cela s'explique par le choix des autorités qui ont décidé d'arrêter toutes les activités culturelles trois semaines avant l'élection présidentielle. Ce qui ne change pas par contre est l'orientation «engagé et non politique» comme l'a souligné Ahmed Bejdaoui le directeur artistique, Ndlr (des trentaines de films sélectionnés). Pour connaître le titre de ses films et dérouler le programme, un point de presse a été animé lundi matin à la salle Frantz Fanon (Riadh El Feth). Bejdaoui était accompagné de la commissaire du festival Zehira Yahi qui n'a pas hésité, durant la conférence, de dire sa déception quant au comportement du réalisateur Djaâfer Gacem qui, bien qu'il avait signifié qu'il n'était pas encore prêt, a retiré son film Héliopolis à la dernière minute alors qu'il s'était engagé à le présenter en avant-première mondiale durant le festival. Et Ahmed Bedjaoui de souligner lui aussi : «Djaâfer Gacem s'est engagé avec son film Héliopolis. Au dernier moment il a retiré son film car il disait que cela pouvait gêner sa carrière dans les festivals à l'international, mais qu'il n'était pas prêt». Et de critiquer à demi-mot cette attitude sans finir sa phrase : «Pour des films qui sont complètement financés par le contribuable algérien…» Un souci d'éthique Et Zehira Yahi de conclure son idée sans prendre de gant : «C'est un souci d'éthique effectivement ! Quand des films sont coproduits par l'Algérie, que le réalisateur est algérien, de mon point de vue très personnel, la priorité devrait être accordée à l'Algérie en avant-première. Après, que le film fasse carrière ailleurs c'est tant mieux pour lui. On est censé être redevable au financement de l'Algérie dans la production du film.» A propos de choix des films en compétition, Bedjaoui dira : «Mettez-vous à la place du directeur artistique. Vous avez un film qui est passé dans une dizaine de petites villes en France (sous-entendre Papicha ) et un film comme celui de Merzak Allouache qui est quand même un grand réalisateur qui n'est jamais passé et qui a tout de suite spontanément accepté de donner son film en première mondiale au festival. Il n'y a pas photo. On était sur le schéma d'être sur deux avant-premières mondiales de films algériens, jamais diffusés ailleurs. Après il y a eu un changement d'attitude du réalisateur (Djaâfer Gacem, ndlr). Toutefois on respecte le choix des réalisateurs. On n'est pas une société de distribution. Nous sommes un festival…». Et Yahi de préciser«ça nous arrangeait au final car c'est un festival international, on ne peut pas donner une grande part aux films algériens. Il n'y a pas beaucoup de films en compétition, c'est huit par catégorie. On a gardé Merzak Alouache. On a envisagé de programmer Abou Leila de Amin Sidi Boumedine, que nous aimons beaucoup, hors compétition, mais l'équipe, pas que le producteur, a décliné notre offre. J'en profite pour féliciter Lyès Salem qui a eu le prix de la meilleure interprétation masculine récemment au JCC, de mon point de vue bien mérité. Des films arabes en compétition Revenant à parler du film Papicha, Ahmed Bedjaoui , bien qu'il ignore dit –il les raisons de sa censure en Algérie, dira que « c'est un très beau film , je l'ai validé au niveau du Fdatic et soutenu. On me l'a d'ailleurs reproché. Mais je l'assume. J'espère qu'il sera aux Oscars». Aussi, vous l'aurez compris dans la catégorie fiction on découvrira cette année en avant-première mondiale, Paysage d'automne, le dernier film de Merzak Allouache. L'Algérie sera également présente à travers deux documentaires l'un intitulé 143, rue du désert de Hassan Ferhani qui sera présenté en compagnie de la protagoniste du film, Malika, et puis, Felfel hmar de Saâdia Gacem. Aussi, deux films arabes seront en lice cette année, à savoir Karma du réalisateur égyptien Khaled Youcef et Fatwa du réalisateur tunisien Mahmoud Ben Mahmoud qui seront projetés et débattus avec le public, a affirmé la commissaire du festival Zahia Yahi, ajoutant que «l'introduction des films arabes intervient suite à l'annulation cette année du Festival international d'Oran du film arabe (Fiofa). Notons que le film Karma sortira dans la foulée dans les salles et le réseau de distribution de l'Onci. Le film palestinien Wardi du réalisateur suédois Mats Grorud sera projeté en ouverture du festival (hors compétition), tandis que la soirée de la clôture sera marquée par la projection du film Inocencia, du réalisateur cubain Alejandro Gil. Parmi les autres films inscrits dans la catégorie longs métrages, La miséricorde de la jungle, (Rwanda) du réalisateur Joël Karekezi. «Ce film reflète et soutient l'idée que seule la culture peut sauver les pays africains des crimes génocidaires…» dira madame Yahi qui estimera que «Fatwa n'est pas seulement un film sur le terrorisme, mais sur la cohésion sociale». Et de souligner que deux thématiques sortent du lot pour tous les films sélectionnés, à savoir, les problèmes que connaissent les pays africains et les femmes. «Pas de censure au Fica» Répondant à une question relative à la pression que peut subir le festival du film engagé de la part du comité de visionnage et sur une éventuelle censure, Yahi sera catégorique : «Nous n'avons jamais été censurés. On nous imposait seulement de mettre des indicateurs par rapport à l'âge, à cause de la violence de certaines scènes.» Notons que question budget Bedjaoui relèvera : «Nous avons été un peu plus à l'aise cette année, même si on reste un festival engagé mais toujours pauvre». Il est à noter qu'une table ronde sera animée le 9 novembre, à 10h et aura pour thème «de l'idée à l'histoire et de l'histoire au scénario : comment suggérer sans trahir ?». Une autre table ronde se tiendra le 11 novembre sur les «femmes au cinéma, femmes de cinéma» et sera programmée le lendemain à la même heure. Enfin, une master class aura lieu quant à elle, le 11 novembre et aura pour thème «Le montage, troisième écriture d'un film» par Yannick Kergoat qui a remporté le prix César du meilleur montage en 2001 pour son film Harry, un ami qui vous veut du bien. A noter que le réalisateur, auteur et journaliste franco-algérien, Saâd Khiari sera le président du jury dans la catégorie doc, le réalisateur français Pierre Henry Deleau, celui de la catégorie fiction tandis que l'actrice Mounia Boualem présidera la section court métrage. Pour cette année, les organisateurs ont décidé de prolonger le festival de deux jours (les 15 et 16), après la clôture officielle pour les projections hors compétition. Il est bon de signaler enfin que les films en compétition seront projetés à Ibn Zeydoun, les rediffusions à la salle Cosmos et les tables rondes se tiendront à la salle Frantz Fanon.