Dans le traitement des affaires de corruption, la justice a accéléré la cadence. Aujourd'hui, s'ouvrira devant la cour d'Alger, après quatre reports, le procès en appel de Kamel Chikhi alias Kamel El Bouchi. Ce dernier va comparaître pour une affaire de corruption avec 12 cadres de l'urbanisme et de la Conservation foncière d'Alger. Dans ce dossier, déjà jugé en première instance, les accusés sont poursuivis pour «corruption», «abus de fonction» et «perception d'indus cadeaux». Lors du premier jugement, Kamel Chikhi a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars alors que les cadres de la Conservation foncière ont écopé de peines allant de 4 à 8 ans de prison ferme assortie d'amendes. Le tribunal avait décidé également la saisie des biens immobiliers de sept accusés. Il faut rappeler que Kamel Chikhi, en détention depuis juin 2018, est poursuivi dans quatre affaires, dont celle de trafic de cocaïne (saisie de 701 kg de cocaïne au port d'Oran). Les enquêtes préliminaires instruites dans l'affaire de saisie de cocaïne avaient révélé l'implication de plusieurs personnes dans des faits liés à la corruption et aux pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations au profit du principal accusé, mais dans le cadre d'une autre activité, à savoir la promotion immobilière. Kamel Chikhi n'a pas nié avoir remis de l'argent à ses coaccusés et installé des caméras dans son bureau pour filmer sciemment la remise des pots-de-vin. El-Bouchi est allé jusqu'à justifier devant le procureur de la République ces sommes d'argent, arguant que ce n'était pas des pots-de-vin, mais des aides financières et des prêts. C'est suite à ces révélations et aux enregistrements vidéo que les accusés ont été lourdement condamnés. Ces derniers ont fait appel et leur procès devra, inévitablement, s'ouvrir demain à en croire la décision du juge qui a annoncé qu'aucun autre report ne sera prononcé. Une autre affaire de corruption sera bientôt devant le juge. Il s'agit d'un gros dossier dont le principal accusé est Ali Haddad avec des membres de sa famille. Ce dossier va traiter principalement des crédits faramineux sans cautions accordés à l'ex-chef du Forum des chefs d'entreprise mais aussi des terrains agricoles qui lui ont été octroyés, de manière frauduleuse, dans plusieurs wilayas. On parle d'un montant extravagant de 20 000 milliards de centimes de crédits accordés à Haddad ! Outre les banquiers, dans cette affaire, sont impliqués notamment les deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, mais aussi plusieurs ministres comme Abdelghani Zalène, Amar Tou et Karim Djoudi. L'ancien wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, Mohamed Khanfar, l'ex-wali d'El-Bayadh, ainsi que plusieurs cadres des ministères des Transports, de l'Industrie et de l'Agriculture sont également mis en accusation. Mais le dossier de Ali Haddad, patron de l'Etrhb, qui se trouve en prison depuis fin mars dernier, n'a pas fini de révéler ses secrets. Divisé en plusieurs volets en raison de son volume, ce dossier va entraîner d'autres ex-ministres à la barre comme l'ex-ministre du Commerce Amara Benyounès ou encore l'ex-ministre de l'Agriculture Abdelkader Bouazghi, l'ancien ministre des Transports Boudjemaa Talai et Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics. Pour rappel, Ali Haddad a déjà été condamné dans deux affaires. La première liée à sa détention de deux passeports et pour laquelle il a écopé de six mois de prison ferme et la seconde est relative à son implication dans le financement occulte du 5ème mandat de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika et pour laquelle il a été condamné, en première instance, à sept ans de prison ferme.