Le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed a requis, hier, 10 ans de prison ferme à l'encontre de Kamel Chikhi, dit El-bouchi assortis d'une amende d'un million de dinars, dans une affaire «d'octroi et perception d'avantages indus» ainsi que «d'abus de fonction». Dans ce dossier, le second à être jugé après celui des conservateurs fonciers, parmi les quatre affaires qui pèsent sur Kamel Chikhi, six autres personnes sont impliquées et à l'encontre desquelles, des peines allant de deux à 10 ans de prison ferme ont été requises. Il s'agit de l'ancien P/APC de Ben Aknoun, Kamel Bouarab à l'encontre duquel, une peine de 10 ans de prison ferme assortis d'un million de dinars d'amende a été requise. Huit ans de prison ont été demandés à l'encontre du fils de l'ancien wali de Relizane, Djalal Eddine Lemehal, assortis de 500.000 dinars d'amende alors que pour Abdelkader Ben Zahra, ancien chauffeur de l'ex-Dgsn, Abdelghani Hamel, le procureur a demandé un emprisonnement de 6 ans assortis d'une amende d'un million de dinars. Deux ans de prison ferme assortis d'une amende de 200.000 dinars ont été requis à l'encontre des trois autres prévenus à savoir un ex-procureur de la République près le tribunal de Boudouaou et son adjoint et Khaled Tebboune. Chikhi et les enregistrements Le procès des sept mis en cause, en détention depuis juin 2018, s'est ouvert hier vers 10h. Le premier à être auditionné était le principal accusé, Kamel El Bouchi. Poursuivi dans ce dossier pour «trafic d'influence», «corruption» et «octroi d'indus cadeaux», Kamel Chikhi qui a été confronté aux enregistrements des caméras de surveillance qu'il a lui-même fait installer dans ses bureaux, a tout nié en bloc, gardant la même ligne de défense que pour les autres affaires dans lesquelles il est poursuivi. Tout au long de l'audition à la barre et les confrontations avec les six autres mis en cause, menées par le président du tribunal, El Bouchi, soupçonné d'avoir versé des pots-de-vin aux fonctionnaires incriminés pour l'aider à obtenir indûment des permis de construire et autres autorisations et d'avoir utilisé les enregistrements pour les faire chanter, s'est défendu d'avoir donné un quelconque avantage en contrepartie de services rendus. Il a expliqué qu'il ne s'agissait, dans certains cas, que d'aides pour des «amis» ou encore de transactions commerciales en bonne et due forme. Selon l'accusation, le fils de l'ancien wali de Relizane et l'ex-P/APC de Ben Aknoun sont soupçonnés d'avoir épaulé Kamel Chikhi dans ses démarches pour obtenir un permis de construire d'un immeuble de 15 étages. Mais à la barre, Kamel Chikhi explique avoir acheté une parcelle de terrain auprès du fils de l'ex-wali de Relizane «je devais y construire un projet éducatif et j'ai obtenu toutes les autorisations requises». Il a ensuite reconnu avoir donné 2 milliards de centimes à Djalal Eddine Lemehal pour compléter une transaction qu'il avait conclue avec son père, l'ex-wali de Relizane. A ce dernier, Chikhi avait déjà versé la somme de 6 milliards de centimes pour l'acquisition d'une villa à Kouba, mais comme il le certifie «je n'avais signé aucun acte notarié». Le complot Avec l'ex-P/APC de Ben Aknoun, Kamel Bouarab, «El Bouchi» dit n'avoir aucune relation : «Je ne le connais pas et je ne l'ai rencontré qu'une seule fois. J'ai fait un don de 500.000 DA à l'APC pour le couffin du Ramadhan et j'ai demandé à ce que cela reste anonyme.» Concernant, l'accusation retenue contre Khaled Tebboune, il est reproché à ce dernier d'avoir usé du statut de son père, à l'époque ministre de l'Habitat, pour aider le promoteur immobilier à acquérir une assiette foncière pour un projet d'hôtel. Mais selon El Bouchi, cela est complètement faux. Mieux, c'est même une affaire montée de toutes pièces ! «Khaled n'a aucun lien avec ma demande d'autorisation pour mon projet et il n'a pas intervenu pour moi. Je lui ai offert deux parfums parce que c'est mon ami. On m'a demandé de faire un faux témoignage contre lui et…», a tenté d'expliquer Chikhi qui sera interrompu par le juge. Il poursuivra cependant, en affirmant «nous sommes victimes de l'ancien régime. Comment peut-on impliquer Khaled pour un parfum ? Ils ont voulu compromettre son père que je n'ai jamais rencontré de ma vie». Khaled Tebboune va, lui aussi, s'interroger sur la raison de son emprisonnement depuis près de deux ans. «J'ai été auditionné à cinq reprises pour avoir accepté deux parfums de Chikhi à son retour du Hadj.» L'ex-chauffeur personnel de l'ancien Dgsn, soupçonné d'avoir facilité, à plusieurs reprises, les passages de Chikhi aux postes-frontières, lors de ses déplacements à l'étranger, va expliquer qu'il avait demandé un prêt à El Bouchi de 70 millions de centimes et qu'il avait remboursé 50 millions de sa dette. Ce que Chikhi va confirmer non sans préciser «je le connais depuis 17 ans». Enfin l'ex-procureur de Boudouaou a soutenu que la seule relation qu'il a eue avec El Bouchi était celle de lui avoir proposé d'acheter son appartement. Il reconnaîtra que Chikhi l'a sollicité pour «blanchir» son casier judiciaire, mais qu'il lui avait conseillé d'aller voir un avocat. Après avoir entendu les témoins, la demande d'indemnisation de 6 milliards de centimes du Trésor public qui s'est constitué partie civile et le réquisitoire, les avocats de la défense ont défilé à la barre pour détruire les accusations et demander la liberté de leurs mandants. La séance a été levée et l'affaire mise en délibéré. A rappeler enfin que le prévenu Kamel Chikhi devra être jugé dans deux autres affaires dont celle de la saisie de 701 kg de cocaïne au port d'Oran et une autre pour blanchiment d'argent. El Bouchi et une douzaine d'autres individus ont été condamnés dans l'affaire des conservateurs fonciers, à 10 ans de prison ferme avec l'interdiction, pendant 5 ans, de conclure des marchés publics, outre une amende d'un million de DA et le versement de 10 millions de DA au Trésor public en tant que partie civile.