L'année 2019 devait être le couronnement d'un cinquième mandat. C'était sans compter sur un volcan qui a commencé à cracher ses premières laves dés le mois de février. Le mouvement de protestation populaire pacifique, unique depuis l'accession du pays à l'indépendance dont il a accouché allait bouleverser la donne et balayer cette option que l'on pensait acquise, pratiquement irréversible. Poussé à la démission sous cette pression populaire exceptionnelle l'Algérie allait s'enfoncer dans une crise politique qui ne verra le bout du tunnel qu'avec l'élection présidentielle qui s'est tenue le 12 décembre dernier. Une situation qui ne sera pas sans conséquence sur l'économie nationale qui était déjà à la peine. Planche à billets Il faut cependant rappeler que bien avant cet événement, les finances du pays étaient déjà fortement malmenées par la dégringolade des prix du pétrole. Cela s'est traduit par la mise à sec de son Fonds de régulation des recettes, qui s'élevait à 70 milliards de dollars et à la fonte comme neige au soleil de ses réserves de changes qui, aujourd'hui se situent à moins de 70 milliards de dollars, ce qui a conduit le gouvernement de l'époque dirigé par l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, aujourd'hui sous les verrous, de recourir au financement non conventionnel pour équilibrer les finances du pays, lui éviter la faillite et ne pas avoir à faire avec l'endettement extérieur. Personne ne donnait cher du taux d'inflation qui aurait dû détoner suite à cette décision. Les experts attendaient à ce qu'il explose, ouvrant ainsi la porte au scénario vénézuélien. La déflagration n'a pas eu lieu. Le taux d'inflation a été finalement contenu autour des 2% bien que la planche à billets ait tourné à plein régime, ce qui ne représente pas une mince performance. Tous les ingrédients étaient pourtant réunis. La situation financière du pays restait précaire : le niveau des prix du pétrole qui assure l'essentiel des revenus en devises, demeure insuffisant pour assurer les équilibres budgétaires, une facture des importations au-dessus des 40 milliards de dollars… Des indicateurs qui montrent clairement que les clignotants ne sont pas au vert. C'est dans ce contexte que le gouvernement Bedoui a décidé d'abandonner l'option de la planche à billets avant qu'il ne se ravise pour annoncer qu'il y puiserait modérément. Tout comme il aura la lourde charge de confection d'une loi de finances sur la base d'un baril de pétrole à 50 dollars, axée sur la rigueur et à la rationalité, sans que cela ne se fasse au détriment des couches les plus défavorisées pour pérenniser la politique sociale de l'Etat. Loi sur les hydrocarbures L'environnement dans lequel elle évolue «rend plus que jamais nécessaire et urgent la promulgation d'une nouvelle loi sur les hydrocarbures, adaptée au contexte international et à même de faire valoriser par l'Algérie son avantage concurrentiel», avait jugé Sonatrach dans un communiqué publié le 23 septembre 2019. Elle finira par être votée dans le cadre de la loi de finances qui aura comme particularité la surpression de la règle des 51/49% qui ne concernera, cependant pas les secteurs stratégiques. Des choix accouchés au forceps qui doivent mettre l'économie nationale sur de bons rails qui seront rythmés par des incarcérations en cascade d'ex-Premiers ministres (Ouyahia et Sellal), de ministres, et de chefs d'entreprise tous accusés de corruption et de dilapidation des deniers publics. Des affaires qui dévoileront que des sommes colossales ont été illégalement transférées à l'étranger causant un préjudice inestimable pour le Trésor public. Celui qui a touché le secteur de l'industrie automobile est édifiant à plus d'un titre. Son activité pourtant prometteuse, a connu un sérieux coup de frein après le changement de cap du gouvernement. La hausse de la facture des importations a conduit l'Exécutif à réduire l'importation des kits CKD-SKD pour le montage automobile, et recourir à l'importation de véhicules de moins de 3 ans. Une décision hasardeuse qui n'est d'aucun intérêt pour un pays qui ambitionne de sortir de sa dépendance au secteur des hydrocarbures. Un projet davantage contrarié avec la mise sous les verrous de Mahieddine Tahkout, patron du groupe TMC, de Mourad Oulmi, P-DG de Sovac, Hassan Larbaoui, P-DG de Global Group, et Ahmed Mazouz, responsable de GM Trade. Une situation que le futur gouvernement aura à cœur de « corriger » pour gommer les errements du passé. Oublier les turbulences de 2019 pour se projeter vers des lendemains incontestablement prometteurs.