érosion des réserves de change, prévisions pessimistes et opposition inquiète Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a présenté, hier, le projet de loi de finances 2018 lors d`une séance plénière de l`Assemblée populaire nationale (APN). Elaboré sur la base d'un prix de référence de 50 dollars le baril du pétrole, le projet propose de nouvelles taxes et l'augmentation des prix de certains produits comme le carburant. Il prévoit des dépenses globales de 8 628 milliards de dinars (mds DA) composées de 4 043,31 mds DA de dépenses d'équipement et de 4 584,46 mds DA de dépenses de fonctionnement. Quant aux recettes budgétaires, elles sont de 6 496,58 mds DA (contre 5 635,5 mds DA en 2017), composées de 3 688,68 mds DA de ressources ordinaires (contre 3 435,4 mds DA en 2017) et de 2 807,91 mds DA de fiscalité pétrolière (contre 2 200,1 mds DA). Lors de son intervention devant les députés, le ministre a expliqué que le projet s'inscrit dans le cadre de la continuité des efforts de croissance et de préservation des grands équilibres économiques du pays. L'élaboration du projet de loi intervient, a-t-il dit, dans un contexte interne et externe particulier marqué par les pressions financières internes et l'instabilité du prix du pétrole à l'externe. Le texte du gouvernement défendu par les parlementaires de la majorité présidentielle et vilipendé par ceux de l'opposition prévoit une balance commerciale déficitaire d'ici au moins 2020. Selon les prévisions, la facture des exportations des hydrocarbures sera de l'ordre de 33,6 milliards de dollars en 2018, 39 milliards de dollars en 2019 et 39,6 milliards de dollars en 2020. Quant à la facture des importations, elle atteindra 43,6 milliards de dollars en 2018, 41,4 milliards de dollars en 2019 et 40,9 milliards de dollars en 2020. Le texte prévoit un taux d'inflation moyen de 4,3% d'ici 2020. Quant à la croissance économique, les prévisions sont fixées sur 4% en 2018, 4,2% en 2019 et 4,6% en 2020. Ce projet de loi prévoit une série de mesures législatives et fiscales allant dans le sens de la consolidation de l'investissement productif et du renflouement des recettes budgétaires tout en maintenant le dispositif de la solidarité nationale. L'opposition inquiète Les partis de l'opposition se disent inquiets par les mesures contenues dans le projet de loi de finances 2018. «Le projet de loi de finances 2018 ne tient pas en considération l'état du pays et la souffrance de la population. Il ignore le cri de détresse lancé dans plusieurs secteurs», a expliqué le député du Parti des travailleurs (PT), Ramdane Taazibt. Dans une déclaration à la presse, il a ajouté que «le projet sème le désespoir», en évoquant le gel des recrutements dans plusieurs secteurs. «Nous sommes inquiets parce que le gouvernement ne voit pas les dégâts qu'il occasionne avec sa politique», a poursuivi l'orateur, estimant que le pouvoir d'achat des Algériens se dégradera davantage avec l'entrée en vigueur de la loi. Il dénonce, dans ce sens, l'augmentation, pour la troisième année consécutive, des prix du carburant. Pour sa part, le député du RCD, Ouamar Saoud, soutient que le projet du gouvernement ne prévoit aucune mesure pour la relance économique dont a parlé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Il constate que le projet est élaboré sur la base d'un budget issu du financement non conventionnel et craint qu'en l'absence de solutions fiables à la crise, l'Algérie risque de se retrouver dans la même situation dans trois ans, et sera contrainte de reconduire la solution de la planche à billets. Les inquiétudes du PT et du RCD sont partagées également par les partis islamistes. Le député du Front de la justice et du développement (FJD), Lakhdar Benkhellaf, a dénoncé, dans des déclarations à la presse en marge de la présentation du projet, la commission des finances de l'APN qui a ajouté des taxes qui n'existaient pas dans le texte du gouvernement. Selon lui, le projet met la pression sur toutes les couches de la société et provoquera une dégradation généralisée du pouvoir d'achat des familles. Il regrette que la «dictature du chiffre», c'est-à-dire la majorité parlementaire constituée par les partis du pouvoir, «issue de la fraude électorale», fera en sorte que le projet soit adopté comme une lettre à la poste. En effet, malgré toutes ses critiques, l'opposition ne peut rien devant la machine écrasante du couple FLN-RND.