huit médias ont été conviés, hier, à une entrevue avec le président de la République. C'est une première depuis une vingtaine d'années. Dans ce premier lot de convives, les responsables de l'Eptv, des chaînes TV El Bilad et El Hayet ainsi que les quotidiens El Moudjahid, El Khabar, Echorouk El Yawmi, Le Soir d'Algérie et Le quotidien d'Oran ont pu échanger avec le chef de l'Etat sur des questions de l'heure et avoir de plus amples éclaircissements sur tous les dossiers qui peuvent intéresser l'opinion publique. L'entrevue «sera retransmise sur les chaînes nationales publiques et privées ainsi que sur les ondes de la Radio nationale», a annoncé, hier, la Présidence. Il s'agit là de la première rencontre qu'a organisée le président Tebboune avec les médias. D'autres suivront puisque le premier magistrat a décidé d'instaurer de nouvelles mœurs en matière de communication en tenant des rencontres périodiques avec les médias. Pour cette première rencontre et sûrement pour les suivantes aussi, le chef de l'Etat a opté pour la transparence totale. C'est là un gage que donne Abdelmadjid Tebboune pour instaurer la confiance avec son peuple. Mais pas seulement. En choisissant de donner une «voix» à la Présidence, Tebboune vise à offrir aux acteurs de la profession l'accès à une source crédible et fiable afin d'éliminer les spéculations et les fake news qui peuvent porter atteinte à l'image de l'Algérie. Dans ce même sillage, il a décidé de donner aussi un canal officiel à l'information de la présidence de la République en désignant l'Agence Algérie presse service (APS) comme seule source. Il y a même une mise en garde contre les transgresseurs de cette nouvelle règle ! Le président a donc borné les sources de l'information officielle, mais non sans laisser les portes grandes ouvertes de la présidence afin que l'information récoltée soit vraie et vérifiable. Le président Tebboune avait, dans tous ses discours préélectoraux, promis d'instaurer la liberté de presse dans le respect de l'éthique et la déontologie. « Je suis avec la liberté de la presse jusqu'au bout, mais je combattrai aussi les fléaux qui lui portent atteinte comme la diffamation (…)», avait dit le président, le jour de l'annonce de son élection à la tête de l'Etat. Il a répété cela dans son discours d'investiture où il a notamment évoqué l'ouverture du champ médiatique aux sites électroniques, qui activent jusque-là dans l'illégalité. Il est donc attendu à ce que les conditions dans lesquelles évolue le quatrième pouvoir changent vers le mieux. Il s'agit, notamment de mettre fin aux pressions exercées sur les médias à travers le monopole de l'Anep sur la publicité, ce qui permettra à chaque média de retourner vers sa vocation première et de jouer le rôle qu'attend de lui la société. Le chef de l'Etat s'est engagé à construire une nouvelle République démocratique, mais pour réaliser cet objectif, libérer les médias est un passage obligé. Car, il n'y a pas de démocratie sans la liberté d'expression. Pour construire donc l'Algérie nouvelle, la famille médiatique doit bénéficier d'un cadre juridique souple qui lui ouvrira grandement les portes pour une auto-reconstruction où sera consacré le débat responsable et pragmatique. C'est de l'intérieur même de la corporation que le changement doit être mené et par les animateurs mêmes des médias. L'Etat doit juste offrir les conditions idoines pour que cela s'opère. Il faut donc espérer que les premiers changements apportés par le nouveau chef de l'Etat soient les prémices d'une nouvelle ère qui permettra à la presse et aux médias de jouer leur rôle et de consacrer ainsi la liberté de ce pouvoir qui est l'un des principes fondamentaux de tout système démocratique reposant sur la liberté d'opinion et la liberté d'expression.