Arrivé, hier, dans la matinée à Alger, le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a entamé une visite d'amitié et de travail de deux jours en Algérie. L'invité du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n'est évidemment pas à sa première visite. Recep Tayyip Erdogan qui n'a jamais manqué de considérer l'Algérie comme son meilleur allié en Afrique du Nord, avait surpris son monde à l'occasion d'une visite en février 2018, au moment où la maladie du président Bouteflika avait mis quelque peu le pays en marge de la communauté internationale. Le président turc qui semble totalement acquis à l'idée de construire des relations privilégiées entre les deux pays n'a pas mis beaucoup de temps pour trouver un créneau et répondre à l'invitation du président Tebboune, formulée le 7 janvier dernier. Les deux hommes s'étaient d'ailleurs rencontrés lors de la conférence de Berlin sur la Libye. Ils ont eu un entretien en tête à tête en marge des travaux. La célérité dont semble faire montre Ankara pour renouer la coopération avec Alger, illustre, si besoin, l'intérêt qu'accorde la puissance émergente à la densification de ses relations avec l'Algérie, qu'elle considère comme un relais de croissance pour son économie, en Afrique. D'ailleurs, les deux autres destinations du président turc sont la Gambie et le Sénégal. L'étape d'Alger vient donc confirmer la détermination turque de cocher prioritairement l'Algérie dans l'agenda de Recep Tayyip Erdogan, justement pour marquer l'importance de relancer la coopération entre les deux pays. Celle-ci est d'autant plus pratique à mettre en place que les deux pays partagent une Histoire plusieurs fois centenaire et les Algériens ont montré un intérêt particulier pour ce pays, avec lequel, il y a tellement à partager. Ces dimensions historique et humaine sont de nature à rendre plus facile l'établissement de partenariats économiques. Les divergences sur de nombreux dossiers internationaux, à l'image du dossier syrien et même libyen, ne semblent pas affecter la détermination des deux pays à poursuivre sur la voie de la coopération tous azimuts. C'est principalement le respect mutuel et la confiance partagée sur les capacités de chacun, qui confortent la volonté affichée de consolider les relations, malgré les divergences dans les approches. On en veut pour preuve la déclaration du président turc, lors de la conférence conjointe animée par lui et Tebboune. «L'Algérie est un pays important pour la stabilité dans la région», a-t-il souligné, comme pour marquer son assurance à voir l'Algérie prendre les devants sur le dossier libyen. Il dira également avoir été «rassuré par la présence de l'Algérie à la conférence de Berlin». C'est dire que pour le président Erdogan, l'Algérie est une garantie de sérieux et d'efficacité diplomatique. On aura compris à travers ces propos que son projet de soutien militaire au gouvernement de Fayez al Serraj n'a plus la même urgence. Mais cela n'a pas empêché le président turc de faire un constat plutôt amer. «La communauté internationale a échoué en Syrie et en Libye», a-t-il affirmé, comme pour souligner tout le chemin difficile qui reste à parcourir sur le dossier libyen. Mais la question libyenne pour importante qu'elle soit, n'est pas le grand motif de ce déplacement que les deux présidents placent sous le signe de la relance de la coopération économique. D'emblée, Tebboune qui dit avoir accepté l'invitation d'Erdogan à effectuer une visite en Turquie, place la barre du partenariat à un niveau ambitieux, en affirmant qu'il s'est entendu avec son holmologue turc de porter la valeur des échanges entre les deux pays au-dessus des 5 milliards de dollars à brève échéance. Une ambition, somme toute à portée des deux économies, dont les hommes d'affaires ont tenu forum, hier, à Alger. La volonté de rendre irréversible l'amitié algéro-turque s'était vue dans la réhabilitation de la Mosquée Ketchaoua et se voit aujourd'hui confirmer par la réalisation à Alger d'un nouveau siège pour l'ambassade de Turquie en Algérie. Ce genre de projets montre qu'un pas important a été franchi dans la bonne direction. C'est également un signal aux communautés économiques des deux pays, mais également aux deux sociétés, puisque, révèle le président Tebboune un protocole d'accord a été signé pour l'ouverture à Alger d'une école turque et d'une école algérienne à Ankara.