L'armée malienne est rentrée jeudi à Kidal (nord), ville symbole d'où elle était absente depuis des années et où son retour est censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l'Etat sur le territoire, ont annoncé des officiers présents sur place.Le détachement «(vient) de rentrer dans le camp à Kidal. Ils sont près de 300. Nous avons été escortés par les Casques bleus de l'ONU. Tout s'est vraiment bien passé», a dit un commandant malien. L'information a été confirmée par un commandant, présent sur place, de la force de la Minusma, la mission de l'ONU au Mali. Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l'armée nationale à Kidal est anticipé comme une affirmation forte d'une restauration de l'autorité de l'Etat malien dans cette région. Il est aussi supposé donner l'exemple de la réconciliation dans le pays. Les unités entrées dans Kidal, dites «reconstituées», comprennent d'anciens éléments des groupes politico-militaires intégrés dans l'armée malienne conformément à l'accord de paix d'Alger de 2015. L'armée malienne n'avait pas repris pied dans cette ville, depuis des combats en mai 2014 pendant une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, qui s'étaient soldés par sa lourde défaite. D'autre part, au moins cinq civils ont été tués lors d'une attaque de nuit dans le village malien d'Ogossagou (centre), théâtre en 2019 du massacre attribué à des chasseurs dogons de quelque 160 Peuls, ont indiqué, hier, des responsables locaux. «J'ai vu cinq corps», a déclaré le chef du village, Aly Ousmane Barry, indiquant que l'attaque menée dans la nuit de jeudi à vendredi par une trentaine d'hommes armés avait eu lieu quelques heures après le retrait de l'armée malienne de la localité. Le 23 mars 2019, l'attaque par des hommes armés de ce village peul avait fait 160 morts civils. L'attaque, attribuée à des chasseurs dogons, avait été le point culminant de violences intercommunautaires en mars-avril dans le centre du Mali. Cette région est prise dans un tourbillon de violences depuis 2015 et l'apparition d'un groupe jihadiste affilié au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté parmi sa communauté. Les affrontements se sont en outre multipliés entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l'agriculture. Ces dernières ont créé des groupes d'autodéfense en s'appuyant sur les chasseurs traditionnels dozos. Par ailleurs, un soldat malien a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi dans une attaque contre le camp militaire de Mondoro, dans le centre du Mali, déjà visé en septembre par les terroristes, a-t-on appris de sources de sécurité. L'attaque et le bilan ont été corroborés par une seconde source sécurité. Ce camp, ainsi que celui de Boulkessi, proches de la frontière avec le Burkina Faso, avaient déjà été frappés en septembre par une double attaque terroriste durant laquelle au moins 40 soldats avaient été tués. Cette attaque, l'un des plus graves revers de l'armée malienne depuis des années, avait été revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance terroriste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, avec laquelle Bamako a reconnu lundi être prêt à dialoguer. Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences depuis l'apparition en 2015 dans cette région d'un groupe terroriste dirigé par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté au sein de sa communauté, et rejoint le GSIM dès sa création en 2017. Des attaques terroristes de grande ampleur visent régulièrement des camps de l'armée malienne, où les victimes se comptent souvent par dizaines, provoquant la colère d'une population qui ne voit pas venir la fin des violences, ainsi qu'un rejet croissant des interventions étrangères. Le 26 janvier, le camp de Sokolo, également situé dans le centre du Mali, avait été pris pour cible dans une attaque qui avait coûté la vie à 20 soldats, revendiquée par le GSIM.