Les attaques terroristes se multiplient au Sahel et deviennent de plus en plus sophistiquées. Les opérations «Serval» et «Barkhane», les Casques bleus des Nations unies et les forces conjointes du G5 Sahel non jusque-là pas réussi à neutraliser les groupes terroristes. Les raids de ces derniers jours confirment la détérioration de la sécurité dans l'ensemble du Sahel ouest-africain et la montée en puissance inquiétante du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique. Deux soldats maliens ont encore été tués samedi lors d'une patrouille dans le centre du pays, après le passage de leur véhicule sur un engin explosif, a annoncé hier l'armée malienne. «Lors d'une patrouille de proximité, un véhicule Fama (Forces armées maliennes) a sauté sur un engin explosif improvisé» dans la zone de Bandiagara (centre) samedi. «Le bilan est de deux morts et six blessés», a indiqué l'armée sur Twitter. L'explosion a eu lieu dans la localité de Douvombo et leur «véhicule a été détruit», a ajouté l'armée. Un militaire français a été tué samedi matin lors d'une opération au Mali, dans la région de Menaka (Nord-Est), près du Niger, également victime d'un engin explosif, une action revendiquée le même jour par le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). Le même groupe terroriste a aussi revendiqué samedi l'attaque ayant tué la veille 49 soldats à Indelimane, dans la même région de Menaka. Ainsi, en deux jours, les forces maliennes ont vu périr 51 de leurs soldats. Quarante soldats ont été tués dans deux assauts terroristes le 30 septembre à Boulkessy et le 1er octobre à Mondoro, localités situées dans le sud du pays, près du Burkina Faso, selon un bilan d'un responsable du ministère de la Défense. Plusieurs sources estiment que ce bilan officiel de 40 morts a été sous-évalué. En janvier, au moins huit Casques bleus tchadiens ont été tués dans une attaque terroriste d'un camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dans le nord-est du Mali. Fin février, 17 civils sont morts dans l'explosion d'un cadavre piégé, à Diankabou, une commune du centre du Mali. Le 17 mars, les terroristes ont lancé une attaque contre un camp de l'armée à Dioura, au Centre, au cours de laquelle 26 soldats ont été tués. De «Serval» aux Casques bleus En mars-avril 2012, le nord du Mali est tombé sous le contrôle de groupes terroristes liés à Al Qaîda, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes, qui l'ont ensuite évincée. En janvier 2013, la France a déclenché l'opération militaire «Serval», pour freiner l'avancée des islamistes qui contrôlent le nord du pays vers le Centre et le Sud. Suit en août 2014 l'opération «Barkhane». Lancée par Paris, son rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne. Cependant, les violences terroristes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires. L'attaque du village peul d'Ogossagou en mars, dans le centre du pays, a causé la mort d'au moins 160 personnes. La responsabilité de miliciens dogons est mise en cause. Le 9 juin, l'attaque du village dogon de Sobane Da, à l'est de Mopti, a provoqué la mort d'au moins 35 personnes. Le 17 du même mois, les attaques des villages dogons de Gangafani et Yoro, dans la même région, font au moins 38 morts. En 2017, à l'initiative de la France, est mise sur pied la force multinationale du G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). Elle complète l'action de la Minusma, dont le mandat est d'aider les autorités maliennes à stabiliser leur pays. Le 29 juin 2018, le quartier général de ladite force à Sévaré, dans le centre du pays, est la cible d'un attentat-suicide revendiqué par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al Qaîda. Le bilan est de cinq morts, dont les deux kamikazes. Le 1er juillet de la même année, l'attaque d'une patrouille de la force «Barkhane» à Gao au nord du pays fait quatre morts civils.