Plusieurs roquettes ont été tirées jeudi sur le seul aéroport fonctionnel de la capitale libyenne Tripoli, dernière attaque en date contre cet aéroport qui a provoqué une brève suspension des vols, ont indiqué les autorités aéroportuaires. Les vols ont été suspendus durant plus de quatre heures, ont-elles précisé sur leur page Facebook en faisant état de «bombardement continu». Les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, ont accusé les forces rivales loyales au maréchal Khalifa Haftar d'être à l'origine des tirs. Les roquettes sont tombées dans le périmètre de l'aéroport. Les tirs n'ont pas été revendiqués. La mission de l'ONU en Libye (Manul) a «dénoncé fermement» de nouvelles violations de la trêve instaurée le 12 janvier à l'initiative de la Russie, alliée de M. Haftar, et de la Turquie, soutien du GNA. La Manul mentionne en particulier des attaques répétées des deux derniers jours contre l'aéroport de Mitiga. «Ces violations interviennent au moment où les Libyens oeuvrent avec les Nations unies (...) pour mettre fin au conflit et à la souffrance du peuple libyen qui s'aggrave chaque jour», a indiqué la mission sur son compte Twitter. Le 4 avril, les pro-Haftar ont lancé une offensive pour s'emparer de la capitale Tripoli. Ils avaient mené plusieurs attaques contre l'aéroport de Mitiga, accusant le GNA de l'utiliser à des fins militaires. La trêve entrée en vigueur en janvier a été peu respectée par les belligérants. Des pourparlers militaires, politiques et économique constituent les trois volets du dialogue inter-libyen sur lesquelles travaille l'ONU pour tenter de trouver une solution au conflit en Libye. A l'issue de pourparlers indirectes à Genève entre représentants militaires, les deux camps sont parvenus dimanche à un «projet d'accord de cessez-le-feu» qui doit être finalisé en mars, selon la Manul. L'incertitude régnait hier à Genève autour du lancement des pourparlers politiques entre belligérants libyens, l'ONU confirmant leur démarrage alors que les deux camps rivaux ont annoncé la suspension de leur participation. Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar à Benghazi, dans l'Est du pays. Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier, aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s'emparer de Tripoli. Ces dernières semaines, des efforts diplomatiques ont permis à l'ONU de lancer des discussions économiques et militaires entre les belligérants, et les Nations unies espèrent relancer un dialogue politique tel que celui de Skhirat qui avait permis, en 2015, la création du GNA. Plus de huit ans après la chute de Maammar El Gueddhafi, qui a plongé la Libye dans le chaos, ces pourparlers politiques visent notamment à former un nouveau gouvernement unifié. Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus a été mis à mal en avril 2019. Le dialogue politique doit inclure 13 représentants du parlement pro-Haftar, 13 représentants du Haut Conseil d'Etat (équivalent d'un Sénat) et 14 personnalités choisies par l'émissaire de l'ONU, Ghassan Salamé. Un porte-parole de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), Jean El-Alam, a indiqué, mercredi dernier, que les discussions politiques «ont démarré» à Genève, mais sans toutefois donner de détails sur les participants. De son côté, le Haut conseil d'Etat a aussi indiqué qu'il préférait attendre qu'un progrès soit réalisé dans les négociations militaires. Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, Ghassan Salamé, qui s'exprimait depuis Genève, a indiqué que les pourparlers politiques «avaient débuté» avec ceux qui étaient présents, selon des diplomates. A savoir les représentants du GNA à Tripoli et les représentants choisis par l'ONU. Les représentants du parlement pro-Haftar continuent pour leur part de faire défaut et l'émissaire onusien a demandé aux pays ayant de l'influence sur Khalifa Haftar de faire pression afin que ses représentants s'engagent réellement dans les pourparlers.