Au lendemain du retour du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d'Arabie saoudite, le ministre du Commerce annonce que le géant saoudien Almarai veut s'installer en Algérie. «Lors de ma rencontre avec l'ambassadeur saoudien je lui ai demandé officiellement de repenser au projet d'investissement de l'entreprise saoudienne Almarai, mis au placard depuis 2009», a annoncé, vendredi soir, Kamel Rezig sur sa page Facebook. Le ministre du Commerce assure que l'ambassadeur lui a rétorqué qu'un rendez-vous sera pris dans les prochains mois avec les responsables de l'entreprise, pour finaliser la chose. Rezig soutient également que le diplomate saoudien lui a fait part de l'intérêt de ce géant du lait pour notre pays. Le groupe, qui dispose de la plus grande ferme laitière au monde, veut calquer ce modèle en Algérie avec une ferme laitière de 20 000 vaches et un complexe industriel des plus modernes. Cette ferme d'élevage devait s'étaler sur 3 000 hectares. Almarai ambitionnait de répondre dans un premier temps et mettre fin à la dépendance du pays à l'importation de la poudre de lait pour la satisfaction des besoins nationaux. Elle envisageait même d'aller vers l'exportation, surtout que cette multinationale dispose d'un réseau de distribution important à travers le monde. On parle là du groupe qui dispose de la plus grande ferme laitière au monde, et l'une des plus modernes. Ce n'est pas une petite entreprise, mais un mastodonte du marché laitier. À titre d'exemple, la ferme saoudienne comprend pas moins de 93 711 vaches dont 72 985 génisses et emploie 2 750 salariés répartis sur les cinq différentes unités. Almarai produit ainsi plus de 1 200 000 000 litres de lait par an avec une teneur en matière grasse moyenne de 3,45%, alors que chaque vache laitière produit en moyenne 41 litres de lait par jour soit près de 13 500 litres par an! La plus importante ferme laitière au monde dispose de salles de traite à sortir rapide et les vaches y sont traites quatre fois par jour. Un savoir-faire et une expertise qui devaient être «transférés» vers l'Algérie dans le cadre de ce projet. Néanmoins, pour des raisons encore très sombres, ce projet prometteur n'a jamais vu le jour. Plus de 10 ans après, aucun autre investissement du genre n'a vu le jour. Pis encore, nous sommes revenus à la case départ avec des pénuries de lait qui frappent le pays. Oui, le début de l'année 2020 a été marqué par de grosses perturbations dans la filière du lait. Les queues interminables et le piston pour un sachet de lait sont de retour. Des images que l'on pensait disparues depuis des lustres. Qu'explique donc la mise au placard d'un tel investissement qui aurait pu nous éviter de nous retrouver dans pareille situation? Aux raisons économiques liées à la bureaucratie et au climat des affaires, il y a des raisons politiques. Les relations économiques entre l'Algérie et le Royaume saoudien ont été «balancées» au même rythme que les relations politiques. Ces dernières années elles ont été des plus faibles. Les IDE, eux, ont été presque inexistants. La virée de trois jours du chef de l'Etat pourrait changer les choses. L'accueil qui lui a été réservé ainsi que les nouvelles donnes politiques laissent entrevoir de belles choses en perspective. Le président Tebboune, qui est en train de réussir le retour de l'Algérie sur la scène internationale, réussira-t-il à attirer les investisseurs étrangers? Wait and see...