Les relations algéro-marocaines ne sont visiblement pas près de s'améliorer à cause des imprudences du ministre marocain des Affaires étrangères, dont la dernière sortie a irrité les autorités algériennes. Le ton sarcastique et très peu diplomatique dont il a usé pour commenter le rappel par l'Algérie de son ambassadeur à Abidjan, après que la Côte D'Ivoire a ouvert un consulat à Asmara en territoire sahraoui occupé par le Maroc, donc non autonome, a contribué à jeter un froid entre Alger et Rabat. Connu pour ses maladresses langagières très éloignées des finesses diplomatiques, Nasser Bourita n'est pas à son premier mauvais jeu de mots, dont il use pour masquer des défaites diplomatiques majeures. Pour cette fois, c'est précisément l'éjection de son pays du dossier libyen qu'il n'arrive pas à digérer. Il reste que même si ces «petits jeux» sans valeur n'ont aucune espèce d'importance dans les équilibres régionaux, il n'en reste pas moins autant d'écueil dans la construction d'une relation apaisée entre l'Algérie et le Maroc. à ce propos, justement, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a tenu à répliquer avec l'art et la manière diplomatiques. Il dira et l'Histoire en témoigne que pour l'Algérie le métier de diplomate est pris au sérieux. De fait, l'Algérie veille à «ne pas jeter l'huile sur le feu, notamment lorsqu'il s'agit de ses rapports avec le Maroc, pays frère», indique le ministre des Affaires étrangères. «En Algérie, toutes les autorités s'attachent à ne pas jeter l'huile sur le feu, notamment lorsqu'il s'agit de nos rapports avec le Maroc, pays frère», rappelle Boukadoum lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El-Gheit. Le chef de la diplomatie algérienne n'a pas manqué de souligner la légèreté du propos de Bourita en estimant les déclarations du ministre marocain de «gesticulations» et de «provocations». Le qualificatif est approprié en réponse à une déclaration d'un niveau au ras des pâquerettes. «Celui qui se prépare à rédiger des communiqués et rappeler son ambassadeur pour consultation doit continuer sur cette voie», avait en effet, déclaré Bourita en réaction du rappel par l'Algérie de son ambassadeur à Abidjan. En réponse, Boukadoum a déclaré: «Nous n'avons jamais tenu de propos inappropriés concernant le Maroc et le peuple marocain. Nous établissons nos relations sur l'avenir et non sur les insultes et le langage inconvenant.» Ce propos a le mérite de la clarté et de la dignité, contrairement à celui d'un ministre, dont on se demande ce qu'il a appris au contact de ses collègues de par le monde. Cela pour l'individu Bourita. Pour le reste, le chef de la diplomatie algérienne retient que le département dont il a la charge tend à «l'établissement de passerelles et non à l'élargissement du fossé avec les frères marocains». Une manière d'affirmer que si Bourita n'est pas rappelé à l'ordre par sa hiérarchie, c'est que quelque chose cloche dans la manière dont le Maroc gère sa diplomatie. Celle-ci va d'échec en échec sur l'ensemble des dossiers régionaux et internationaux. Une diplomatie des «phrases-chocs» qui n'a réglé aucun conflit. Boukadoum ne se trompe pas en relevant que les «paroles ne peuvent effacer la vérité». Cette précision tient parfaitement la route et répond à la déclaration du ministre marocain. «Il existe des résolutions onusiennes claires et une loi internationale concernant la question du Sahara occidental, membre fondateur de l'Union africaine», souligne Sabri Boukadoum, comme pour dire à son homologue marocain que ses «petits mots» sarcastiques ne changeront rien à la réalité du moment. Et pour répliquer de sa position de chef de la diplomatie d'un pays respectable et responsable, Boukadoum lance: «La position de l'Algérie est constante. Nous n'allons pas avoir des propos désobligeants à l'égard de nos frères marocains.» De plus, personne n'est dupe et tout le monde sait que les campagnes médiatiques menées contre l'Algérie «sont fomentées. Qu'ils disent ce qu'ils veulent». Sans commentaire.