Membre de l'exécutif du Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja, Redouane Khelf revient dans cet entretien accordé à L'Expression sur la situation dans la zone confinée, Blida. Il évoque l'impact psychologique et économique de cette décision « brutale » prise par les pouvoirs publics sur le citoyen et l'entreprise. L'Expression : Trois jours après le recours au confinement obligatoire dans la wilaya de Blida, comment avez-vous vécu cette situation en tant qu'industriel et citoyen de la région ? Redouane Khelf : La décision de confinement est prise d'une manière brutale. Les habitants et les opérateurs économiques ont été pris dans le piège par l'effet de surprise. Aucun de nous n'a eu le temps prendre les précautions nécessaires. Certes, c'est une première en son genre, l'Algérie n'a pas d'expérience dans la gestion de la situation de crise pareille, qui d'ailleurs, a secoué le monde entier. Au début de la mise en œuvre de la décision du Haut Conseil de sécurité, un climat de psychose, de panique généralisée s'est installé au sein d'une société et des opérateurs économiques. Arrêt brusque des transports, des restaurants, restrictions sur les déplacements, l'activité économique est réduite au service minimum. Qu'en est-il de l'impact de ces mesures sur l'activité des industriels de la région ? La mesure de confinement a eu des répercussions sur l'activité économique dans la région. Nous avons donc appliqué les mesures prises par les autorités publiques concernant la réduction de l'effectif et de la fermeture des segments économiques non essentiels, tout en maintenant l'activité dans l'agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et les détergents pour alimenter les secteurs sanitaires qui sont actuellement le nerf de la bataille contre la pandémie. Certes, sur le plan financier, les sociétés activant au niveau de Blida sont fortement impactées. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le moment pour compter les sous. C'est une occasion pour les entreprises d'assumer leur responsabilité sociale et économique à la fois en participant à la sauvegarde de la production essentielle et venir en aide aux familles diminuées. Donc l'approvisionnement du marché en matière de produits essentiels sera garanti… Effectivement, nous nous sommes engagés à garantir la disponibilité des produits au niveau régional et national. Nous continuons à assurer l'approvisionnement du marché. Nous sommes en contact permanant avec les autorités publiques, la sûreté et la gendarmerie pour faciliter le transport de la marchandise, en particulier les produits alimentaires et les produits destinés au secteur sanitaire qui est aujourd'hui dans le besoin. Le Club des entrepreneurs et industriel de la Mitidja qui est d'ailleurs membre de la cellule de crise installée au niveau de la wilaya fournira les efforts nécessaires pour aider à contenir la pandémie. L'urgence aujourd'hui est dans le sauvetage des vies. On ne veut pas revivre le scénario italien en Algérie, raison pour laquelle tout le monde doit se mobiliser pour freiner cette pandémie ravageuse et sauver des vies humaines. Ce genre de situation nous oblige à passer du statut d'opérateur économique à celui de militant économique. Les autorités publiques annoncent des mesures d'accompagnement en faveur des opérateurs économiques touchés par les mesures de prévention contre la pandémie, quels effets ont provoqué cette nouvelle dans le milieu des opérateurs ? Certes, l'impact de cette crise pandémique sur la santé financière des entreprises sera très important, notamment pour celles qui ont baissé rideau afin de préserver la santé des employés et celle de leurs familles, comme c'est le cas des entreprises activant dans la transformation du fer, du plastique…etc. A la fin de cette crise, nous serons face à un autre problème aussi sérieux, celui du sauvetage de l'entreprise et les assurances des autorités publiques en ce moment sont louables. Mais il faut attendre le retour à la normale de la situation pour faire le bilan, car aujourd'hui nous sommes face à un problème grave qui menace la vie des citoyens.