Face à la progression du coronavirus, des appels au confinement général sont lancés. Dans son communiqué, le dernier Conseil des ministres a affirmé que l'Etat se prépare à toutes les éventualités pour lutter contre la propagation de la pandémie. Le confinement général est-il envisagé ? Quel sera son impact économique sur le pays ? Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - L'économie nationale, frappée de plein fouet par la chute brutale des prix du pétrole, doit subir un autre coup dur : celui induit par la propagation du coronavirus. Economistes et opérateurs plaident pour le confinement général pour freiner la propagation du virus tout en prévoyant un impact «catastrophique» sur l'économie du pays de manière générale, et pour les entreprises de manière particulière. «Les dégâts économiques d'un confinement général seront énormes. L'impact sera négatif sur la balance de paiement des mois de mars et avril. Il est très difficile d'évaluer les pertes avec exactitude, mais ça va se chiffrer car tous les secteurs seront à l'arrêt. On peut toutefois estimer les pertes à 30 ou 40 millions de dollars par jour», soutient le consultant et expert économique Farid Benyahia. Mais les pertes prévisibles pour l'économie nationale ne doivent pas pousser à ignorer le coronavirus qui, lui, menace les vies humaines. «Le confinement est obligatoire. Je suis étonné que l'Algérie n'ait pas encore décrété le confinement. Il faut que l'armée sorte pour faire respecter cette mesure et aussi approvisionner le peuple», a affirmé notre interlocuteur, appelant à s'inspirer de l'exemple chinois. Pour les pertes économiques, il estime qu'une fois la maladie vaincue, on peut les rattraper «entre les mois de juin et décembre et on peut s'en sortir», tout en s'interrogeant si «cette guerre peut engendrer une autre guerre de finances internationale». Le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Samy Agli, plaide, lui aussi, pour le confinement général, soulignant que cette option a donné de super-résultats en Chine, où la maladie est apparue avant d'être stoppée grâce au confinement strict de toute la population. «Il faut aller vers le confinement général. Il faut de la rigueur pour le respecter. C'est un combat collectif que les Chinois ont gagné. Il faut aller vite car le virus avance très vite et peut faire des dégâts», explique le président du FCE, contacté par nos soins. Pour l'impact économique d'une telle option, notre interlocuteur affirme qu'il sera «catastrophique». «On sort de la crise de 2019 et on a commencé à se relever en janvier. On a pu avoir un peu d'espoir et le moral des entreprises était meilleur qu'en 2019. Cette crise tombe et complique les choses. Un confinement général va compliquer davantage les choses. Mais aujourd'hui, on est entre le choix de vivre et de mourir. Le coronavirus tue les hommes et il va tuer aussi beaucoup d'entreprises», estime M. Agli. Selon lui, si le confinement général est appliqué strictement, l'entreprise va reprendre. Et de lancer un message de détresse aux pouvoirs publics, leur demandant de trouver en urgence des solutions aux entreprises qu'il faut accompagner dans cette situation de crise. Le président du FCE soutient qu'on ne peut pas évaluer les pertes découlant du confinement général. «Une chose est sûre : les dégâts sont déjà là. Les entreprises sont en souffrance», dit-il, tout en souhaitant la préservation des postes d'emploi et de l'activité. K. A.