L'Expression: Tout d'abord une présentation du Gacu? Sifi Ghrieb: Le Groupement algeria corporate universities (Gacu) est un établissement public sous tutelle du ministère de l'Industrie et des Mines. Il a été créé en juin 2016 par 14 groupes industriels publics et privés, qui sont de ce fait, ses actionnaires. Il s'agit de Mécanique Dz, Imetal, Snvi, Getex, Manal, Gica, Elec El Djazair, Agrodiv, Saidal, Divendus, Chimindus, Snta, Benamor et Condor. Ayant été créé pour servir les intérêts communs de ces pôles industriels, il a été érigé en groupe d'intérêt économique, une nature juridique qui lui convient le mieux. En début 2018 il a été procédé à la mise en place de ses organes de gestion, ainsi que ses structures internes. Il a été possible, par la suite, le démarrage officiel de ses activités. Quelles sont ses missions? Ses missions s'articulent sur trois axes, dont le premier est la formation. Nous adoptons une nouvelle approche basée sur 80% de pratique et 20% de théorie. Nos programmes sont segmentés et orientés vers le volet managerial (gestion et comportement des dirigeants), celui du coeur du métier (activités des techniciens), ainsi que le volet complémentaire (maintenance et suivi). Le deuxième axe est la recherche et développement. En assumant son rôle de passerelle entre deux secteurs, le Gacu identifie les problématiques réelles rencontrées par les professionnels du monde industriel et les transmet aux universités et centres de recherche. Il contribue à les solutionner par des formations adaptées. Le dernier axe est l'expertise. Nous constituons, depuis 2019, un réseau d'experts algériens aussi bien parmi ceux exerçant au niveau national que ceux établis à l'étranger et faisant partie de notre diaspora. Nous associons également les retraités qui représentent un véritable gisement dans le domaine. Ils interviennent en faveur de notre secteur industriel à moindre coût comparés aux étrangers. Donnez-nous un récapitulatif des actions en matière de formation, menées jusque- là au profit des actionnaires et partenaires? Nous avons soumis au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique un programme détaillé basé sur une double formation assurée, à la fois, par des enseignants universitaires et des experts industriels sur les lieux de travail. À titre indicatif, nous avons réalisé une formation qualifiante au profit de 25 opérateurs dans le domaine de la chaussure et cuir, relevant du groupe Getex (spécialisé en textile). Cela a été possible grâce à la signature d'une convention de coopération entre le Gacu et le Centre national du cuir et de la chaussure Cncc de Tunisie en avril 2019. Je cite également la conception d'un programme de formation dans la filière textile destiné aux sourds-muets, afin de faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Ce programme devrait être mis en oeuvre au niveau de l'usine de Béjaïa, dès qu'un partenariat officiel sera conclu entre le ministère de la Solidarité et celui de l'Industrie. En plus, nous avons introduit la méthode du E-learning, puisque pour la première fois un cours a été dispensé à distance, via Internet, au sein du secteur de l'industrie algérienne. Il a été réalisé dans le cadre d'un partenariat entre le Gacu, l'Institut national du travail et une start-up algérienne Beeform. Votre organisme a réalisé le premier Référentiel algérien des métiers de l'industrie, pouvez-vous nous résumer le contenu? Ce catalogue a été réalisé avec la collaboration des unités pilotes relevant de chacun des groupes industriels actionnaires dans l'objectif de mettre le savoir au profit de l'industrie. Il offre une description réelle du déroulement des activités industrielles, c'est-à-dire, le process de fabrication du début jusqu'à la fin. Il propose aussi une cartographie des principaux métiers de l'industrie, notamment ceux sensibles et nécessitant une grande technicité, dont la disparition ou l'absence au niveau des usines peut constituer un risque sur le processus de production. Il comporte également des programmes de formation élaborés avec une grande précision et un guide d'utilisation et de bonnes pratiques. Ce guide renferme les techniques devant être suivies pour faire fonctionner la machine industrielle de façon rationnelle, ce qui permettra de préserver son rendement. Il y est inclus en outre un spédomètre de performance permettant d'évaluer le travail de chaque élément au niveau de chaque poste. Le Gacu a procédé à la numérisation du catalogue et l'a remis à tous les groupes industriels. Une convention a été signée pour la réalisation de la première grue algérienne, pouvez-vous nous en parler un peu plus? La réalisation de la première grue algérienne sera effective avant la fin 2020, ce qui permettra de réduire la facture d'importation de ce type de machines. Une convention a été signée entre le Gacu, le Centre de recherche en technologies industrielles, Batimetal, Ferrovial Annaba et Encc pour sa réalisation. Ce projet revêtait une grande importance pour l'Algérie, en ce que ce type de machines jusqu'à présent importées au prix fort sera fabriqué localement. On ambitionne d'atteindre un taux d'intégration de 60 à 65% grâce à des compétences algériennes mises au service du développement de l'économie nationale. Dans le cadre des nouvelles orientations économiques, le Gacu a-t-il un programme d'appui à la création et/ou l'accompagnement des nouvelles entreprises (start-up)? Notre organisme s'intéresse particulièrement aux entreprises et les start-up ne sont pas en reste. À ce titre, nous nous inscrivons totalement dans la même ligne de ces nouvelles orientations économiques et nous sommes disponibles à accompagner les entreprises naissantes. Nous réfléchissons déjà à des programmes de formation adaptés à ce segment, qui pourraient être concrétisés avec les institutions concernées.