Partir vivre sous d´autres cieux plus cléments reste indubitablement le voeu le plus cher des jeunes notamment, qui rêvent de sortir «des sentiers battus». En effet, à Tizi Ouzou et à l'instar, fort probablement, de plusieurs autres wilayas du pays, l'engouement pour l'étranger se manifeste continuellement au sein de la frange juvénile. Ainsi, toutes les « astuces » susceptibles de décrocher un visa sont remises au goût du jour. Pas moins de 500 personnes, et parfois plus, quittent chaque année le pays, en Grande Kabylie. Et comment? Toutes chances sont souvent exploitées par les candidats à «l'exil». Si les non-bacheliers sont, dans la plupart des cas, confrontés à une véritable et rigoureuse situation dans le traitement de leurs dossiers par les services consulaires, ce n'est pas le cas pour les étudiants ou bien les diplômés des universités. Le visa d'études demeure donc leur seule planche de salut. Depuis le début de la décade en cours, ils sont des centaines, voire des milliers, de licenciés et ingénieurs notamment à conquérir les établissements universitaires de l'Hexagone, dans la perspective de se hisser davantage dans les études. Cependant, à en croire certains étudiants actuellement inscrits à l'université de Paris VIIIe, la chose n'est aucunement aisée. Selon eux, il est extrêmement difficile de tenir les deux bouts, car l'étudiant en France, précisent-ils, doit inéluctablement travailler parallèlement à ses études afin de faire face. C'est pour cela, ajoutent nos interlocuteurs, que nombreux sont ceux qui laissent tomber les études. Et pour cause, ils sont, par la force des choses, contraints de se consacrer entièrement au boulot. «Ils sont nombreux, effectivement, à déserter les universités pour aller chercher un gagne-pain n'importe où à travers les différentes régions de France. Il y a même ceux qui travaillent dans le marché des fruits et légumes, des chantiers de bâtiments, alors qu'au préalable, ils ont quitté le pays pour aller étudier. Ce n'est pas de leur faute. La vie est très dure à l'étranger», témoignent deux jeunes d'Azazga accostés par nos soins lors d'un court séjour dernièrement au bled. Par ailleurs, les témoignages des uns et des autres ne semblent pas outre mesure dissuader les milliers d'Algériens avides de s'envoler de l'autre côté de la Méditerranée. «Moi, je vais partir coûte que coûte. Il n'y a absolument rien à faire encore dans ce pays», tels sont les propos d'un étudiant à l'Institut des sciences économiques à l'université de Tizi Ouzou. Il est d'ores et déjà en train de préparer toutes les démarches nécessaires afin d'être admis aux études au sein d'une faculté en France. «J'ai déjà formulé plus de dix dossiers et lettres de motivation auprès des universités françaises dans l'optique de me faire délivrer un avis favorable afin d'entamer ensuite les démarches pour l'obtention de visa. Aussi, depuis l'année dernière, les choses ne sont pas vraiment aussi faciles qu'on le croyait. Cette semaine, d'ailleurs, je doit m'inscrire pour subir le test de connaissance en langue française (TCF) au Centre culturel français à Alger, les dépenses sont énormes. Les frais du TCF, le visa et sans parler des traductions de documents, comme les relevés de notes, diplôme du Bac et autres pièces exigées pour la constitution des dossiers», explique ce futur économiste qui estime que cette année sera celle de son départ, puisqu'il a été déjà «débouté» l'été dernier. «L'année dernière, j'ai tenté vainement d'obtenir le visa. J'ai fait deux demandes mais sans résultat», ajoute-t-il tout en précisant que depuis 2004, les chances d'obtenir un visa d'études ont été revues à la baisse. En effet, les services consulaires rejettent, chaque année, un nombre très important de demandes et passent à la loupe tout dossier. Pourquoi ? Les raisons sont, sans nul doute, multiples mais pour certains, la principale cause consiste à parer à tout éventuel trafic de documents. D'ailleurs, cette pratique a, semble-t-il, fait réagir maintes fois, les responsables des établissements universitaires en France ayant même interpellé leurs homologues en Algérie et particulièrement à Tizi Ouzou. «On nous a appelés plusieurs fois de France et même du Canada sur les étudiants qui ont gonflé leurs relevés de notes», dira le professeur Dahmani, enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestion de Tizi Ouzou, lors de son intervention à l'occasion d'un séminaire sur l'éthique, déontologie et franchises universitaires. D'autre part, on parle même des jeunes qui n'ont même pas le niveau secondaire et qui arrivent à falsifier des diplômes pour décrocher un visa d'études. Aujourd'hui, par contre, l'étau se resserre et ce sont les étudiants et les diplômés de l'université de la capitale du Djurdjura qui payent les pots cassés.