Elle incarne «Timoucha», une jeune demoiselle bardée de diplômes, travaillant comme assistante dans une boîte de pub appelée Data Com. Une entreprise dont le plus important critère d'embauche semble être...la beauté, l‘image, les apparences! Entre humour et situations cocasses, cette comédie, inspirée certes de la fameuse série Ugly Betty a pourtant réussi le pari de s'adapter à la réalité algérienne avec brio, qu'elle n'en finit pas d'être attachante. Réalisée par Yahia Mouzahem, d'après un scénario de Sara Barretima, la série de 20 épisodes passe à 19h50, sur la chaîne terrestre et la 6. à l'aise que ce soit au cinéma ou à la télé, Mina Lachter prouve encore une fois son immense talent d'actrice caméléon. Elle nous livre ici dans cet entretien les dessous du tournage de cette série. à ne pas rater! L'Expression: Tout d'abord un mot sur votre personnage assez atypique que vous incarnez aujourd'hui? Mina Lachter: En nous basant sur le scénario, nous avons opté, Mouzahem Yahia, le réalisateur de la série et moi-même pour un personnage assez différent de ceux des autres versions qui existent dans le monde, d'un côté il est intelligent, instruit avec un esprit analytique élevé, anticonformiste, naïf, sincère, authentique, curieux, modeste, simple... et d'un autre côté, on voit qu'il a un manque flagrant d'intelligence sociale, avec des réflexions et des réactions à côté de la plaque et souvent sans aucun sens, un look et un esprit d'une autre époque, un langage peu connu dans le monde des agences de communication, maladroit, insistant, hyperactif... Timoucha c'est un peu tout ça, avec une nationalité algérienne et un vécu propre à elle. Interpréter ce rôle est un plaisir! Une adaptation de Ugly Betty. Avez-vous appréhendé ce personnage à la lecture du scénario? Oui, c'est clair. J'ai eu peur de tomber dans la répétition, c'est pour cela que j'ai décidé de ne pas revoir les autres versions, y compris Ugly Betty une comédie dramatique qui, a la base, est une adaptation de la telenovela colombienne sortie en 1999. Je crois savoir que le tournage est toujours en cours. Comment cela se passe-t-il actuellement? Effectivement, il nous reste quelques petites scènes à tourner. On a dû arrêter le tournage durant 21 jours à cause de la situation par laquelle passe le monde, ce qui a chamboulé un peu le déroulement de la série... Un confinement total pour tout le monde. Me concernant et par mesure de sécurité, je n'ai pas vu mes proches depuis le début du tournage. Malgré toutes les mesures d'hygiène qui sont prises, les premiers jours de tournage étaient très stressants et angoissants. C'était impossible pour nous de travailler tranquillement, après la reprise on a pris le temps de faire connaissance avec l'équipe artistique et technique pour nous mettre d'abord en confiance, ensuite faire le nécessaire pour que tout le monde fasse très attention. Ne pas chopper le virus était une priorité, ne pas le transmettre à d'autres, était une lourde responsabilité dans le cas d'une contamination car nul n'est à labri. Pour ma part, rentrer dans la peau d'un personnage comique avec une psychologie aussi complexe au moment où des milliers de gens sont en train de mourir, n'est pas une chose facile, une expérience inhabituelle! à noter que jusqu'au jour d'aujourd'hui tout le monde se porte bien el Hamdoullah. D'ailleurs, je pense que si la série avait été tournée dans des conditions différentes avec un budget convenable et dans les normes, le rendu aurait été sans aucun doute meilleur, techniquement et artistiquement. Au-delà le côté comique de la série, le sitcom relève un vrai phénomène de société basé sur la ségrégation de la beauté entre les femmes au travail. Un mot-là-dessus... J'avoue que c'est beaucoup plus pour ça et pour plusieurs autres raisons que j'ai accepté d'interpréter ce personnage, moi qui voulais faire une petite pause avec l'humour, quoique avec l'humour on peut faire passer énormément de messages tout comme à travers cette série où on évoque subtilement le sexisme, la discrimination, le rejet de l'Autre à cause de l'apparence pas dans le vent malgré le bagage intellectuel, l'anticonformisme et les préjugés des autres qui peuvent gravement influencer la psychologie des victimes qui, pour la plupart, finissent par être dans l'obligation de changer pour être acceptées dans la société qui se repose dangereusement, année après année, sur l'image. Du cinéma au sitcom, vous semblez être à l'aise partout... C'est mon métier, je dois m'adapter à toutes les situations et les personnages qui font battre mon coeur. Ça se passe au feeling. Un mot sur la direction d'acteur avez-vous eu à regarder la série américaine pour vous adapter un peu à votre rôle, même s'il est beaucoup teinté à la sauce algérienne. Bien sûr que j'ai regardé différentes versions de Yo soy Betty la fea diffusées sur plusieurs chaînes françaises, mais cela date de très longtemps. Je garde toujours en tête le concept, sauf qu'aujourd'hui Betty est devenue algérienne pour moi, il fallait donc l'adapter à notre vécu, à nos diverses cultures et à notre mode de vie. La psychologie du personnage de Timoucha est un personnage que j'ai eu le plaisir de jouer au théâtre il y a de cela quelques années, même démarche, même langage. On s'est seulement concentré, avec l'aide du réalisateur, sur les traits de caractère les plus importants que pourrait avoir Timoucha. Enfin, pourriez-vous nous parler de l'ambiance sur le tournage et le travail avec Yahia Mouzahem? Oh... Quoi dire de Mouzahem, on est devenu de très bons amis depuis notre première collaboration en 2010, il me connaît mieux que n'importe qui, le travail avec lui est un plaisir indescriptible, j'attendais ce moment avec impatience même si les conditions sont loin de celles qu'on espérait, mais je suis sûre que ça viendra un jour! Sous sa direction, je m'amuse, je m'oublie au sens propre du terme, il est unique! Mouzahem Yahia est un artiste doté d'un esprit créatif très large. Hypersensible, c'est un bon réalisateur, mais, par dessus tout, un excellent directeur d'acteurs, il sait transmettre le message aux comédiens sans difficulté, il sait ce qu'il veut, il maîtrise parfaitement son métier quand il a le temps et les moyens.Il est ouvert à toutes les propositions et venant de tous ceux qui l'entourent. J'ai beaucoup appris à ses côtés! Dieu seul sait combien de réalisateurs comme lui existent en Algérie, il suffit de leur donner la chance, leur ouvrir les portes.