Le ministre de la Jeunesse et des Sports tient aujourd'hui un autre discours sur le thème. Jeudi dernier après avoir procédé à l'installation du Comité d'organisation des 9es Jeux africains, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, s'est attardé pour discuter avec quelques journalistes auxquels il a fait savoir que le recrutement d'un étranger pour entraîner l'équipe nationale de football n'était pas opportun. Il intervenait, de la sorte, au moment où la Fédération algérienne de football fait le forcing pour enrôler un coach étranger. D'ailleurs, le président de cette fédération, M.Hamid Haddadj, était en France la semaine dernière où il a pu rencontrer quelques techniciens. Le nom de celui qui sera choisi devrait être dévoilé cette semaine après la réunion du bureau fédéral. On use du conditionnel parce qu'après la sortie médiatique du ministre, il n'est plus sûr que l'équipe nationale aura un entraîneur étranger. Le discours de M.Guidoum tranche avec celui qu'il tenait il y a, à peine, quelques semaines. En effet, à cette période-là, il semblait tenir au recrutement d'un coach venu d'en dehors de nos frontières. Il l'avait même déclaré dans une interview accordée à un de nos confrères. Or, jeudi dernier, aux journalistes avec lesquels il a discuté, il a déclaré que ce n'était pas le bon moment pour ramener un entraîneur étranger. «Nous disposons en ce moment d'une génération de joueurs qui n'est pas de qualité. L'apport d'un technicien étranger ne sera d'aucune utilité. A mon avis, nous nous devons, d'abord, de travailler et de nous consacrer à la formation. Le jour où nous aurons de la bonne pâte, il ne sera plus inopportun de faire appel à un entraîneur étranger». Le ministre de la Jeunesse et des Sports a le mérite de savoir changer d'avis lorsqu'il sent qu'il se dirige dans une mauvaise direction. Ce changement de cap s'est opéré comme, par hasard, au lendemain d'un de nos commentaires où nous avions reproduit exactement les idées que le ministre a développées devant les confrères. Dans ledit article, nous écrivions que «la démarche qui consiste à recruter un entraîneur étranger ne répond à aucune logique. Tout entraîneur étranger que l'on ramènera est voué l'échec du fait que les joueurs que l'on mettra à sa disposition ne sont pas performants. Cela s'apparente à de la politique de précipitation: on veut tout et tout de suite. Au lieu de songer à mettre les joueurs actuels en permanence sous sa coupe, on ferait mieux de s'investir dans les clubs en les structurant puis en leur donnant les moyens de se développer. Des moyens qui se matérialiseront par la dotation d'une base d'entraînements et de formation. C'est en se projetant dans l'avenir, en sachant faire preuve de persévérance et de patience que l'on obtiendra des résultats probants et qui sont appelés à durer dans le temps par un renouvellement constant de l'élite». Or, M.Guidoum a, lui aussi, parlé de précipitation et de la nécessité qu'il y a de donner la priorité à la formation. Nous ne prétendons pas détenir la vérité en matière de football mais notre expérience nous a appris que les opérations de replâtrage dans le football n'ont aucun effet positif pour l'avenir. L'une des plus grandes erreurs de l'ex-bureau fédéral avait été de recruter à la suite deux entraîneurs étrangers pour l'équipe nationale. Ce bureau fédéral n'avait fait que céder à la pression qui pousse à la recherche du résultat immédiat. On continue aujourd'hui sur le même tempo et Haddadj risque de commettre la même erreur. Une élimination de la CAN-2008 ou de la Coupe du monde 2010 ne serait pas désastreuse puisque notre football ne dispose pas du minimum requis en matière de formation. Pour la Coupe du monde de 2010, ce sont les juniors actuels qui seront concernés par l'étape de la qualification, c'est-à-dire des joueurs qui ont été «moulés» dans le système actuel de formation avec toutes ses carences. Des joueurs, donc, sur lesquels il ne faudrait pas compter pour nous donner une équipe nationale compétitive dans les trois ou quatre années à venir. Mais se trouvera-t-il des gens capables de se montrer patients et de laisser les clubs travailler pour l'obtention de grands résultats dans les huit années à venir? C'est là le gros danger qui guette notre équipe nationale à laquelle on exige des résultats même avec des effectifs de piètre qualité.