Confirmation voilée de l'annonce par les forces loyales au GNA de la reconquête totale de la capitale, après de violents combats, les troupes du maréchal Khalifa Haftar ont confirmé un «redéploiement» qui signifie, en réalité, une retraite devenue prévisible depuis plusieurs jours déjà, avec la multiplication des échecs et la perte de plusieurs places fortes comme Sorman, Sabratha et d'autres villes. Jeudi, le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, a indiqué que toute la région de Tripoli est désormais sous son contrôle: «Nous annonçons le redéploiement de nos forces hors de Tripoli, sous condition que l'autre partie respecte un cessez-le-feu. En cas de non-respect, nous reprendrons nos opérations militaires et suspendrons notre participation aux négociations du comité militaire», a pour sa part expliqué le général Ahmad al Mesmari, porte- parole de l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar, qui a justifié cette décision par «l'acceptation du commandement militaire de participer au comité militaire sous l'égide de l'ONU». à l'en croire, il s'agirait ainsi d'«une initiative humanitaire destinée à arrêter l'effusion du sang du peuple libyen». De fait, mercredi dernier, la Mission des Nations unies en Libye (Manul) a confirmé la reprise à Genève des discussions-interrompues en février dernier- du comité militaire (5+5), entre les cinq représentants des forces du GNA et les cinq mandatés par Haftar pour rechercher les bases d'un cessez-le-feu durable à un conflit qui s'est aggravé en avril 2019 avec l'offensive lancée contre Tripoli. à ce jour, plusieurs tentatives pour restaurer la paix et le retour à la table du dialogue politique se sont avérées vaines. Comme nous l'avions annoncé dans notre édition de mercredi dernier, l'ANL va d'échec en échec, depuis plusieurs semaines déjà, et Haftar n'a pas d'autre choix que de tabler sur une reprise immédiate des négociations. En témoigne la chute de sa base principale, Tarhouna, dont se sont emparées, ces dernières 48 heures, les forces du GNA, marquant un tournant majeur dans le déroulement du bras de fer qui oppose Fayez al Serraj à Khalifa Haftar et les autorités de Tripoli à celles de l'Est libyen qui perdent ainsi leur ultime fief dans l'ouest du pays. «Nos forces héroïques ont étendu leur contrôle sur toute la ville de Tarhouna après avoir anéanti les milices terroristes de Haftar», à 80 km au sud de la capitale Tripoli, a proclamé le porte-parole des forces du GNA, Mohamad Gnounou, dans un communiqué. Cet enième échec de Haftar signe aussi la déconvenue des pays qui le soutiennent dans sa tentative de s'emparer de la capitale et d'asseoir ainsi son autorité sur l'ensemble de la Libye, un pays aux immenses richesses pétrolières et gazières qui suscite bien des convoitises. Les ingérences étrangères ont compliqué la donne et rendu aléatoire la démarche onusienne d'une solution politique basée sur le dialogue inclusif que défendent l'Algérie et la Tunisie et, plus largement, l'Union africaine. En reprenant Tarhouna et l'aéroport international de Mitiga, en banlieue tripolitaine, le GNA appuyé par la Turquie marque des points décisifs mais la question de la paix tant attendue par le peuple libyen reste plus que jamais incertaine.