Les troupes de Khalifa Haftar essuient depuis quelques semaines une série d'échecs face à l'offensive des forces au Gouvernement d'union nationale. Les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par Fayez Al-Sarraj, resserrent un peu plus l'étau autour de Khalifa Haftar Tarhouna, se montrant prêtes pour le dernier assaut sur cette ville stratégique, située à 80 km au sud-est de la capitale Tripoli. Dans un communiqué de l'opération "Burkane al-ghadeb (volcan de la colère, ndlr), diffusé hier sur sa page facebook, le porte-parole de l'armée libyenne, le colonel Mohamed Kanounou a appelé les habitants de cette ville à "s'éloigner des emplacements des milices terroristes de Haftar et des sites militaires et de rester à l'abri", en prévision d'une vaste offensive contre l'autoproclamée "Armée nationale libyenne" (ANL), dirigée par Haftar. Tarhouna sert depuis un an de base arrière pour ce dernier pour préparer ses opérations contre Tripoli où siège le GNA. La reprise de Tarhouna par le GNA signerait l'échec final de Khalifa Haftar et de son projet de conquête du pouvoir à Tripoli par la force. Mercredi, son porte-parole a annoncé le repli de ses troupes de deux à trois kilomètres autour de la capitale. Ahmed al-Mismari a indiqué que ce repli était décidé pour permettre aux Libyens de "circuler à la fin du mois de Ramadhan", mais cela cache en réalité une décente aux enfers après que Haftar ait subi plusieurs séries d'échecs. La semaine dernière le général Khalifa Haftar a perdu un de ses plus importants bastions, sous son contrôle depuis 2014. Les forces pro-gouvernementales ont pris en effet, lundi dernier, le contrôle de la base aérienne de Watiya, leur plus important succès en un an. Il s'agissait de la seule base aérienne de l'ANL, à 140 km au sud-ouest de la capitale. De l'avis de plusieurs spécialistes, cette base représente assurément un "coup mortel" pour les forces de Khalifa Haftar, après la perte des villes de Sorman et Sabratha le mois dernier, avec quatre autres villes de la côte ouest frontalière avec la Tunisie et l'Algérie. Ces changements d'envergures sur le terrain militaire s'expliquent en grande partie par l'implication directe de la Turquie. Depuis le début de l'année, le soutien accru d'Ankara au Gouvernement d'union nationale a renversé la tendance militaire en Libye offrant un large avantage aux forces fidèles à Fayez al-Sarraj. D'une position défensive, le GNA est passé à une stratégie offensive qui lui a permis de récupérer plusieurs territoires contrôlés d'une main de fer par Haftar. Face à cette accélération des événements, les ministres des Affaires étrangères russes et turcs, Sergueï Lavrov et Mevlüt Çavuşoğlu, ont exprimé leur soutien à un cessez-le-feu mais qui ne sera vraisemblablement pas écouté par les parties en guerre sur le terrain, le GNA étant plus que jamais déterminé à en finir avec Khalifa Haftar, ce dernier accusé par Fayez al-Serraj de n'avoir jamais respecté les trêves annoncées dans le passé, où auxquelles la communauté internationale n'a de cesse appelé.