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Bouira marque l'évènement
Célébration de la journée mondiale du don de sang
Publié dans L'Expression le 16 - 06 - 2020

En désignant Bouira pour abriter la célébration de la Journée mondiale du don de sang, les responsables font preuve d'une reconnaissance aux efforts du comité local présidé par le docteur Sayah Abdelmalek, secrétaire général de la Fédération internationale des donneurs de sang. Depuis son intronisation à la tête de ce comité local des donneurs de sang, l'actuel bureau ne cesse de faire des prouesses et a fait du don de sang une culture à Bouira. Lors des festivités organisées pour l'occasion, il a été fait étal des actions multiples menées depuis des années pour alimenter les banques de sang des établissements hospitaliers publics de la wilaya et d'ailleurs. Quelques fidèles donneurs ont été honorés. L'association d'Ahl El Ksar par exemple se distingue en recensant une soixantaine de donneurs détenteurs de groupes et des rhésus rares. Aâmi Mohamed, un militaire à la retraite est à son 105e don et ne compte pas en rester là. La nouveauté depuis maintenant une année, est que Bouira grâce à l'APW a acquis un appareil de séparation du sang, une cytaphérèse. Les services d'oncologie et de maternité ont grandement besoin des plaques et par le passé, beaucoup de patients avaient perdu la vie lors de leur transfert vers les CHU alentours en raison de l'indisponibilité de ces plaques. En réponse au docteur Sayah qui a vivement remercié l'APW et les responsables de la wilaya, Boutata s'est engagé à faire l'impossible pour en acquérir d'autres. En aparté, le docteur Sayah nous a appris aussi qu'il envisage de relancer la 11e édition du semi-marathon Aïn Bessem- Bouira, une compétition dont la réputation a largement dépassé les frontières nationales. Depuis deux années maintenant, les festivités ont été gelées en raison du désintéressement des pourvoyeurs de fonds et de l'administration. L'autre événement qui a marqué cette célébration reste l'exposé présenté par deux jeunes étudiants natifs de Djebahia. «On doit s'assurer de sa base de données et son authenticité, l'enrichir selon les bonnes pratiques du don de sang et la sécurité des bases de données du donneur elle va être validée et brevetée, tout ça tout en protégeant son travail et des droits d'auteur». Ces propos sont ceux du docteur Sayah Abdelmalek, secrétaire général de la Fédération internationale des donneurs de sang. «Nous sommes en train de travailler depuis plus d'une année avec une équipe espagnole pour développer une application sur le don de sang pour l'Afrique avec une plateforme et une géolocalisation pour le compte de notre Fédération internationale des donneurs de sang et elle n'est pas encore prête», ajoute notre représentant au niveau de la plus haute instance mondiale. Récemment, un jeune étudiant algérien, inscrit en maths informatique à l'université Houari Boumediene de Bab Ezzouar a proposé une application sur le don de sang avec géolocalisation et sélection à distance en collecte fixe et mobile. Une application très riche en trois langues: arabe, français et anglais. Cette application va révolutionner le don de sang en Algérie, mais elle a besoin d'être validée, expertisée et finalisée, «j'étais émerveillé par ce jeune talent algérien. Notre jeunesse est en train d'exploser, il faut seulement les encourager», nous confie le secrétaire général de la Fidos. Un programme de collecte a été retenu pour les jours à venir. Grâce à cette célébration, Bouira peut se vanter d'être la locomotive nationale pour un don de sang bénévole et permanent. En marge de cette célébration, le docteur Sayah est revenu sur les enjeux mondiaux. La situation critique qui prévaut actuellement avec cette pandémie mondiale et qui a affecté notre pays est le motif qui a poussé le comité des donneurs de sang de Bouira à multiplier ses actions, ces derniers jours. Après la collecte de 160 pochettes de sang au profit des hôpitaux de Blida, les habitants de la commune de Oued El Berdi, 10 km à l'est du chef-lieu, ont organisé en collaboration avec le comité des donneurs de sang et les Scouts musulmans une opération qui a permis de collecter 80 pochettes de sang Le comité que préside le docteur Sayah, secrétaire général de la Fédération mondiale a réceptionné l'été dernier un nouveau clino-mobile. Ce camion qui était abandonné au niveau d'un CHU a été récupéré par le comité qui l'a retapé et remis à niveau pour servir encore des années durant. Ce véhicule réhabilité avec les moyens des bénévoles a permis au comité de doubler la capacité de collecte en venant à la rescousse du premier qui donne déjà des signes de faiblesse. Rencontré en marge de cette activité humaine vitale, le docteur Sayah Abdelmalek nous a accordé un moment de son temps pour revenir sur l'utilité, mais surtout les enjeux autour de cette activité humanitaire. Le simple et humble citoyen qui tend son bras pour donner de sa vitalité, ne sait pas que cette pochette de sang collectée peut faire des milliers de kilomètres et revenir comme un boomerang sur les lieux de la collecte sous forme de médicaments dérivés de ce sang. Il n'aura peut-être pas de quoi payer ce traitement... nous reprenons un reportage autour du thème.
Indépendance vis-à-vis des lobbies
Le don de sang reste non lucratif et est encadré par des associations sous la coupe d'une fédération dont la réputation a dépassé nos frontières et en veut pour preuve, le choix pour un second mandat de la fierté nationale le docteur Abdelmalek Sayah comme secrétaire général de la Fiods. Outre-mer et derrière l'Atlantique, le don de sang est une industrie lourde qui brasse annuellement des milliards de dollars. C'est l'objet d'un combat acharné entre l'Amérique et l'Europe. Il s'agit sur le Vieux Continent de mettre la meilleure stratégie pour une indépendance vis-à-vis des lobbies du pays de l'Oncle Sam. Dans cette guerre à qui imposera son diktat, la Fiods s'intercale pour défendre l'éthique et combattre le don rémunéré. Des pays comme l'Arabie saoudite, la Bosnie, la Chine ont récemment intégré la Fiods. Aux Etats-Unis une association proche de la fédération lutte pour la sauvegarde de l'éthique et tente de barrer la route à une nouvelle forme d'esclavage, surtout que le commerce du sang demeure plus pratique et plus facile que celui des organes humains. Il y a des associations qui tentent de barrer la route aux sans scrupules.
Une géolocalisation
L'Association internationale du plasma et du fractionnement (Ipfa) est l'association faîtière internationale qui promeut les intérêts et les activités de ses organisations membres, actives dans la collecte de sang et de plasma humains, ainsi que dans la fabrication et la fourniture de médicaments dérivés du plasma humain. Les médicaments dérivés du plasma sont essentiels pour traiter les déficiences en facteurs de coagulation, telles que l'hémophilie, les déficiences immunitaires ainsi que les maladies liées au système immunitaire, telles que les maladies inflammatoires et auto-immunes et les dysfonctionnements circulatoires tels que les chocs. Rencontré, le docteur Sayah Abdelmalek nous déclarera: «Nous partageons les objectifs avec ces associations. Je préfère aussi bien parler de l'éthique et notre combat à l'échelle internationale et les enjeux stratégiques et économiques du don de sang Tout cela pour sortir de l'ordinaire.» Depuis son avènement au poste de secrétaire général de la Fédération internationale, le représentant algérien mène un vrai combat pour défendre l'éthique et prémunir le don de sang des appâts des grandes firmes. «Après le combat pour les indépendances: alimentaire, hydrique, énergétique de nos jours, l'indépendance sanguine est une priorité. Le sang et ses dérivés peuvent demain être un moyen de pression qui va à l'encontre des volontés populaires dans beaucoup de pays accusant du retard dans le domaine des technologies. Notre pays n'échappe pas à cette menace et la Fédération algérienne des donneurs de sang mène un combat pour décrocher cette auto-dépendance» dira le docteur Sayah. La Fiods qui se positionne comme le gardien de l'éthique, multiplie les actions pour intégrer dans ses rangs le maximum de pays et barrer ainsi la route aux mercantiles et aux représentants des grands laboratoires. «Quand on donne à quelqu'un un présent, il le touche, il peut le garder dans un coin de la maison où il le voit, l'objet est là pour remémorer le geste. Quand un citoyen offre son sang, il ne sait même pas à qui il est destiné. Ce sang va couler dans le corps d'une autre personne qu'il sauvera. Toute la valeur humaine de ce geste est là. Notre objectif est d'éviter de banaliser cette activité qui doit garder sa dimension humaine, non lucrative», précise le docteur Sayah Abdelmalek. Les dirigeants à qui échoit la ligne à suivre doivent dès maintenant déterminer la conduite à suivre. Investir dans cette industrie reste une option très coûteuse, mais la souveraineté d'un pays n'a pas de prix. La concurrence mondiale et l'avance prise dans le domaine rendent cette option presque irréalisable. L'obligation aussi de certifier ISO ce plasma, une exigence mondiale rendent cette voie encore plus délicate.
La ligne à suivre
L'Algérie peut imiter ses voisins: le Maroc, la Tunisie, le Sénégal...qui exportent leur plasma pour le réimporter sous forme de médicaments, mais à des prix moindres que ceux que débourse notre Trésor public. Sur le terrain national, le don de sang non rémunéré connaît une nette évolution grâce aux associations affiliées à la Fédération nationale. Dans le bilan 2019, il a été enregistré 693 697 dons, dont 68% comme collecte sur des lieux fixes, 32% dans des opérations conjoncturelles mobiles. 66% des donneurs sont des volontaires, 43% occasionnels alors que 34%, ont consenti un don suite à un appel au profit d'un malade précis, souvent membre de la famille. «L'Algérie qui m'a honoré en me responsabilisant au niveau de la Fiods a toujours été à l'avant dans la lutte pour un ordre mondial juste. Le don du sang doit rester non lucratif. Personne n'a le droit de faire un bénéfice et tirer profit de la détresse d'un autre. Nous défendrons avec acharnement l'éthique et la valeur humaine de ce geste qui est de donner son sang pour sauver des vies» a conclu le docteur Abdelmalek Sayah, secrétaire général de la Fédération internationale des donneurs de sang, Fiods.


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