L'armée libanaise a annoncé, lundi, avoir arrêté 36 personnes pour des actes de «vandalisme», après plusieurs jours de manifestations tendues déclenchées par la dépréciation de la monnaie nationale et l'effondrement économique du pays. La semaine dernière, manifestations et blocages de routes ont secoué le Liban, notamment à Beyrouth et Tripoli (nord), où les forces de sécurité ont eu recours à des tirs de gaz lacrymogènes, voire des balles en caoutchouc dans certains cas, contre des manifestants qui ont lancé des pierres et saccagé banques et commerces. Ce regain de tensions, de jeudi à samedi, a été déclenché par une forte dépréciation de la livre libanaise qui a atteint jeudi le seuil historique des 5.000 livres pour un dollar sur le marché parallèle, les médias évoquant même 6.000 livres. Officiellement, la livre est indexée sur le dollar depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar. «La répétition de tels actes de vandalisme ne sera pas permise à partir de maintenant», a assuré lundi le président Michel Aoun, au cours d'une réunion du Conseil supérieur de défense consacrée aux tensions. Il a réclamé «une vague d'arrestations englobant ceux qui ont planifié et exécuté» de tels actes, selon un communiqué lu en conférence de presse à l'issue de la réunion, soulignant l'importance d'«opérations préventives». Durant la réunion, le Premier ministre Hassan Diab a lancé un appel similaire. «Il ne s'agit pas de manifestations contre la faim ou la situation économique, c'est un sabotage organisé», a-t-il déclaré. Un peu plus tard, l'armée a annoncé dans un communiqué avoir procédé depuis jeudi dernier à l'arrestation de 36 personnes dans différentes régions du Liban. Selon l'agence étatique ANI, l'armée a notamment mené, lundi, des descentes à Tripoli et ses environs pour rechercher des personnes soupçonnées d'implication dans des violences nocturnes. Parmi les personnes arrêtées figurent, selon le communiqué de l'armée, des manifestants qui s'étaient opposés samedi à Tripoli au passage vers la Syrie de camions transportant de l'aide alimentaire affrété par des agences internationales, mais soupçonnés par les manifestants de contrebande alimentaire. Afin de calmer la colère de la rue, les autorités ont annoncé, vendredi, que la Banque centrale allait injecter des dollars sur le marché pour faire baisser le taux de change et tempérer ainsi l'envolée des prix. Vendredi déjà le taux avait amorcé une baisse. Lundi dans l'après-midi, le dollar s'échangeait à 4.400 livres, selon un changeur à Beyrouth. La crise économique a été l'un des catalyseurs du soulèvement inédit déclenché le 17 octobre contre une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d'incompétence.