Annoncée par les agences de presse italiennes Agi et Ansa, la visite du ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio en Libye a beau se faire dans des conditions-éclair, elle n'en témoigne pas moins de la préoccupation grandissante, outre Méditerranée, face aux développements actuels de la crise dans un pays qui traverse une zone de turbulences, depuis l'intervention de l'Otan en 2011. Contrairement à d'autres pays occidentaux, l'Italie dialogue avec le gouvernement d'union (GNA) que préside Fayez al Serraj. Et c'est avec celui-ci que Di Maïo a eu des entretiens, ainsi qu'avec son homologue libyen Mohamed Tahar Siyala et le ministre de l'Intérieur. Ce n'est certes pas un secret que de constater que la crise libyenne est devenue une des priorités majeures de la diplomatie italienne, des sources diplomatiques indiquant au journal Il Messaggero que la Libye constitue «le dossier le plus important qui concerne notre sécurité nationale». «Nous ne pouvons pas nous permettre une partition du pays. C'est pour cela que nous sommes allés d'abord à Ankara, un canal que nous avons toujours maintenu ouvert», ont également indiqué ces mêmes sources diplomatiques. Le 19 juin dernier, effectivement, le MAE italien s'était rendu à Ankara pour s'enquérir des nouveaux rebondissements de la crise, au lendemain de la déclaration du président égyptien al Sissi, affirmant qu'il n'hésitera pas à intervenir militairement au cas où les forces loyales du GNA tenteraient de s'emparer de Syrte et d'al Joufra. La dernière visite de Di Maïo à Tripoli remontant à janvier dernier, il fallait donc remettre les pendules à l'heure et revenir sur la mise en oeuvre du Mémorandum de coopération modifié entre les deux pays dont un des volets concerne, tout particulièrement, la question des migrants. Durant ce bref séjour, il a été aussi question d'une aide de l'Italie au GNA pour le déminage des quartiers sud de la capitale libyenne où les troupes de Haftar ont délibérément disséminé des montagnes d'explosifs de divers calibres. Contrairement à d'autres pays occidentaux qui ont cherché à perpétuer le conflit pour des desseins particuliers, l'Italie appréhende la menace de son extension dont elle sait qu'elle aura de graves conséquences sur sa propre sécurité, ne serait-ce qu'en termes d'immigration clandestine. Aussi, s'efforce-t-elle d'agir en faveur d'un cessez-le-feu durable et d'une reprise des négociations militaires entre les deux camps belligérants, selon le format 6+6 initié par la Mission des Nations unies en Libye (Manul) pour apaiser les tensions, faute de parvenir à imposer une véritable solution politique. C'était le but de la visite de Di Maïo à Ankara et ses efforts, dans le prolongement des discussions qui ont caractérisé la Conférence de Berlin, rejoignent, sur bien des plans, ceux des pays voisins que sont l'Algérie et la Tunisie, dont la démarche se situe à équidistance des parties prenantes de la crise et s'inscrit scrupuleusement dans le cadre de la feuille de route consacrée par l'ONU et l'Union africaine en faveur de la solution du dialogue inclusif et du respect absolu de l'intégrité territoriale, de la sécurité et de la souveraineté du peuple libyen.