Le risque, maintenant, serait de voir atterrir à la LNF ces dirigeants mus par des objectifs sordides qui nous ramèneront des années en arrière. Mohamed Mechrara ne sera pas candidat pour un nouveau mandat à la présidence de la Ligue nationale de football. C'est l'intéressé lui-même qui l'annonce par le biais d'un communiqué reproduit sur le site internet de l'instance qui gère les deux compétitions nationales. Il indique que «cette décision est strictement personnelle et motivée par des raisons à la fois familiales, professionnelles et de capacité à assumer une telle responsabilité». Peut-on, aujourd'hui, parler de surprise en apprenant une telle information? Cela faisait plusieurs mois que Mohamed Mechrara cherchait à faire durer le suspense mais une nouvelle candidature de sa part semblait être plus probable qu'un retrait d'autant que lors de la dernière assemblée générale ordinaire de la LNF, il avait reçu un plébiscite. Devant de telles marques de soutien, la tendance pour sa réélection s'était amplifiée. On avait , simplement, oublié qu'avant lui Mohamed Raouraoua avait vécu une telle situation favorable mais s'était, par la suite, retiré de la course. On peut croire que le retrait de ce dernier a été pour beaucoup dans la décision que vient de prendre Mechrara. Les deux sont amis de longue date et c'est le premier qui a ramené le second pour en faire un président de la LNF. Dès que Raouraoua s'est décidé à ne pas postuler pour un second mandat, il devenait difficile de croire que Mechrara allait rester à la tête de la LNF. Celui-ci, malgré la pression exercée sur lui par Raouraoua qui lui a demandé de poursuivre sa mission, du nouveau président de la FAF, Hamid Haddadj et des membres du bureau fédéral qui, pour eux, une LNF sans Mechrara ne serait plus tellement une LNF, a, donc, fini par prendre la décision contraire aux aspirations de bon nombre des acteurs du football algérien. Ce qui est à l'opposé de ce qu'affirmait l'intéressé tout au long de son mandat, à savoir qu'il était là pour servir le football algérien. Pourquoi, donc, l'abandonner au milieu du gué alors qu'il était engagé dans une vaste entreprise de réformes dans la gestion des compétitions nationales? On gardera, en effet, de cet homme l'effort qu'il a consenti pour établir une nouvelle vision du championnat national. Il est vrai que ce dernier reste soumis aux aléas de l'irrégularité en raison, bien sûr, de la participation de nos clubs dans les compétitions internationales. Tant que cette participation existera, on n'aura pas de championnat qui se déroule sans reports de matches. La situation risque, même, de se compliquer à partir de la saison prochaine avec la création de la Coupe arabe de l'UAF qui concernera deux, voire trois autres de nos équipes. Cela en plus de la Champion's League arabe, qui verra l'engagement de nos deux meilleures équipes, déjà engagées en Champion's League africaine et en Coupe de la CAF. En somme, il faudra s'attendre à ce que la moitié des équipes de la division 1 soit concernée par des compétitions internationales. Avec l'argent qu'il y a à y gagner, il deviendra plus intéressant pour elles de s'y consacrer pleinement plutôt qu'à un championnat national qui perd de son intérêt. Celui qui prendra la relève de Mechrara doit, donc, savoir que les difficultés de la gestion vont aller en s'accentuant. Mais il trouvera sur place une organisation et une réglementation qui l'aideront énormément dans sa tâche. Nul ne contestera le fait que c'est sous Mechrara que les histoires de réglementation sont devenues de la vieille histoire. La commission des règlements et qualifications est même arrivée à chômer. Aujourd'hui, la LNF en est arrivée à un mode de gestion informatique à mille lieues de celle qui prévalait dans les années antérieures, où on était obligé d'attendre la sortie du bulletin officiel avec des jours de retard pour avoir des informations fiables. On ne pourra, cependant, clore ce commentaire sans parler du démembrement que vient de subir le football algérien. Raouraoua a été obligé de partir et c'est à la suite du départ de celui-ci qu'est intervenue la décision du retrait de Mechrara. Le football ce n'est pas que l'équipe nationale et ses résultats. La renaissance de cette dernière ne peut intervenir que d'un championnat national fort avec des joueurs de qualité. Un championnat géré selon des méthodes modernes et non pas sur la base d'idées rétrogrades portées sur l'intérêt clubard. Le risque, maintenant, serait de voir atterrir à la LNF ces dirigeants mus par de tels objectifs sordides qui nous ramèneront des années en arrière. Pour le plus grand mal du football algérien.