L'addiction au pétrole met l'Algérie dans un stress chronique pratiquement permanent. C'est le cas depuis la dégringolade des cours de l'or noir, qui s'est amorcée à la mi-juin 2014. La situation s'est considérablement dégradée avec la «guerre-éclair» des prix russo-saoudiens sur laquelle est venue se greffer la crise sanitaire, qui leur a porté le coup de grâce. Est-ce le désamour entre l'Algérie et son pétrole? Ce qui est certain c'est que leur lune de miel est perturbée par ce violent orage. Le couple est en crise. Ça ne roule plus pour le baril, pour l'Algérie qui lui est, pieds et poings, liée. L'équation est simple. Le modèle économique qui repose sur la rente pétrolière est nocif, une malédiction pour le pays qui n'a d'autre salut que de se doter d'une économie créatrice de richesse. Jusqu'à aujourd'hui, sa résolution échappe à ceux qui en ont la charge, comme si les Algériens n'ont aucun contrôle sur leur destin. Il dépend du prix du pétrole. Une situation qui n'est ni viable, ni tolérable, pour un pays dont les moyens, les richesses, sont avérés pour sortir d'une dépendance insolente à son or noir qui, de surcroît, n'a guère été valorisante. Le constat est amer. La dépendance quasi totale de l'économie nationale à la rente pétrolière «est fatale pour l'intelligence et l'esprit d'initiative», a affirmé le président de la République. Le chef de l'Etat a décidé de mettre le holà à une situation génératrice d'une fracture sociale aux conséquences incalculables. Les exportations hors hydrocarbures doivent exploser. Le président de la République met le cap et fixe la cible. Il est impératif d'augmenter les «exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars, d'ici fin 2021», contre les 2 milliards de dollars actuels a déclaré Abdelmadjid Tebboune à l'ouverture de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle, dont les travaux ont débuté, hier, au Palais des nations, en présence des membres du gouvernement, des partenaires sociaux et de personnalités indépendantes, notamment des experts nationaux vivant en Algérie et à l'étranger. À partir des deux prochaines années, la dépendance aux hydrocarbures devra être réduite d'au moins 80%, a souligné le premier magistrat du pays. Une batterie de mesures sera mise en oeuvre pour encourager les exportateurs et la dynamisation des exportations algériennes hors hydrocarbures. Quelles sont-elles? La création de couloirs verts dédiés à certains produits, la cession d'une bonne partie de recettes en devises au profit des exportateurs et l'amélioration de la relation avec le ministère des Finances et l'administration fiscale occupent à cet effet, une place de choix. La nécessité d'une forte contribution de la diplomatie algérienne pour favoriser l'accès des produits algériens aux marchés extérieurs, est-il indiqué. Certains opérateurs économiques ont déjà mis le pied à l'étrier. Le locataire d'El Mouradia à tenu à rendre hommage à ceux qui «exportent des produits à haute valeur ajoutée, à l'image des pneus exportés vers les Etats-Unis et les produits cosmétiques vers les marchés africains». Il n'a pas manqué de faire allusion aux entraves bureaucratiques, notamment celles auxquelles font face ces femmes et ces hommes, ces chefs d'entreprise dont les activités apportent une plus-value à la croissance économique du pays. «Les exportateurs ont besoin d'être encouragés et non combattus», a insisté Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l'Etat a tenu cependant à séparer le bon grain de l'ivraie. Nombreux ont été ceux qui, par le passé, ont érigé des fortunes personnelles colossales au détriment des intérêts du pays. Le chef de l'Etat a affiché sa fermeté à encourager les exportateurs-producteurs de valeur ajoutée «et non les pseudos exportateurs automobiles qui ne font, en réalité, que dans le gonflage des pneus». A ce propos le président de la République a cité comme exemple ce qui s'est passé, ces dernières années, dans le secteur de l'automobile: Une «manipulation» de l'économie nationale qui «a failli faire basculer le pays dans le précipice», a-t-il souligné. Le moment est venu de tourner la page, de se projeter vers l'avenir. Cet objectif est réalisable, d'autant que «la volonté politique est forte et la vision claire», a affirmé Abdelmadjid Tebboune. Le terrain est déblayé...