Mener de profondes réformes institutionnelles, structurelles et opérationnelles est devenu urgente et nécessaire pour asseoir un nouveau modèle de croissance durable dans le pays qui traverse une situation «difficile» depuis quelques mois, a soutenu, hier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans son allocution d'ouverture de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une nouvelle économie, tenue au Centre international des Conférences (CIC), à Alger. Il a mis l'accent, dans son discours, sur les défis à relever pour «sauver le pays», évoquant l'importance du l'unité nationale et l'implication de toutes les parties pour accélérer la transition économique avant la fin 2021. Cette ambition qu'il a marquée par plusieurs points de suspension, signalant les dysfonctionnements administratifs qui empêchent l'investisseur algérien de réussir ses projets. Conscient des enjeux actuels impliquant des sacrifices, le Président a appelé à se débarrasser de ces verrous et à se libérer de l'économie de sa dépendance aux hydrocarbures afin de développer une diplomatie économique multilatérale par l'ouverture de banques algériennes à l'étranger, notamment en Afrique, d'ici 2021. Egalement, fédérer les efforts de tous les acteurs économiques et sociaux pour créer un impact durable sur l'économie nationale. Ainsi, diversifier la production économique dans sa globalité. Parmi les solutions proposées, favoriser le développement du commerce intercontinental par l'ouverture des transports aérien et maritime des voyageurs et de marchandises au secteur privé, ce que signifierait la libéralisation du marché intérieur. Stratégique. Explicitement, le Président Tebboune n'émet aucune objection pour booster le secteur des exportations, bien au contraire, il encourage l'ouverture des zones de libre-échange, pour profiter de la proximité de l'Algérie afin d'exporter les produits locaux, mais aussi les services financiers des banques. Il a même évoqué l'activation et l'ouverture de couloirs verts en vue de promouvoir les exportations devant faciliter le travail des investisseurs. Pour libérer les potentialités de ces derniers, le Président Tebboune a plaidé pour la «libération de l'acte d'investir» et pour la mise à leurs dispositions de tous les moyens logistiques et financiers nécessaires à leur activité. S'interrogeant, dans ce sens, sur les raisons de l'absence d'établissements financiers ou de succursales de banques algériennes à l'étranger, notamment, en Afrique, qualifiant les banques nationales – système obsolète – de «guichets», constituant un frein pour l'économie nationale. L'économie nationale, aujourd'hui, devra changer de paradigme pour sortir de l'économie linéaire et planifiée et aller vers une économie circulaire offrant plus de liberté financière aux opérateurs économiques, a-t-il laissé entendre, estimant que pour atteindre cette dimension de pertinence, les opérateurs économiques et sociaux devront se mobiliser ensemble pour «sauver le pays». Mais aussi rompre définitivement avec les anciennes pratiques qui sont à l'origine de la situation économique «difficile» du pays. Le Président Tebboune a pointé du doigt les comportements malsains qui ont porté, antérieurement et ultérieurement, préjudice à l'économie du pays qui fait face à une «conjoncture particulière en raison de la chute des cours des hydrocarbures et de la pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19), qui a mis à genoux l'économie mondiale», a-t-il soutenu. Pour s'en sortir dans un contexte pareil, l'effort doit décupler pour arracher son indépendance à l'économie de la rente qui a pris l'Etat en otage. Le chef de l'Etat a mis l'accent sur «l'impératif d'augmenter les exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars au moins d'ici fin 2021, et ce, contre les 2 milliards de dollars actuels», interdisant par la même occasion d'importer du carburant à partir de cette même date. «Il est interdit d'importer ne serait-ce qu'un litre de carburant à partir de 2021», a-t-il déclaré, mettant à l'épreuve les responsables de ce secteur. Il a qualifié cette dépendance de «fatale pour l'intelligence et l'esprit d'initiative». Baisse des réserves de change à 57 milliards de dollars Le Président Tebboune a tenu à souligner l'importance de cette rencontre de concertation pour élaborer un plan de relance efficace et surtout applicable dans l'immédiat, vu l'urgence de la situation économique du pays, mais aussi sociale. Cette dernière n'en demeure pas moins importante de la situation globale du pays. Deux volets indissociables pour la prospérité d'un pays. Le discours de M. Tebboune était plutôt limpide et réaliste qu'alarmiste. Certes, les chiffres avancés ne sont pas rassurants, mais la situation n'a pas encore atteint un niveau critique, a rassuré le chef de l'Etat, qui s'est référé dans son allocution sur les statistiques des secteurs productifs. «Nous avons des réserves de changes de 57 milliards de dollars, nous tablons sur des revenus pétroliers d'environs 24 milliards de dollars pour l'année 2020, c'est une mauvaise année pétrolière, mais avec un pétrole qui se situe bon an mal an autour de 40 dollars, alors que notre budget est calculé sur un pétrole à 30 dollars en plus de 27 milliards de dollars de l'agriculture», a-t-il résumé, estimant, malgré ce constat peu reluisant que «le pari est jouable. La situation est difficile, mais gérable». Le chef de l'Etat a exprimé ses préoccupations, ses recommandations mais aussi son soutien à tous ceux qui désirent sérieusement dans la relance économique. Sans objection. Pour rappel, la conférence nationale sur le plan de relance pour une nouvelle économie entamée hier, s'achèvera aujourd'hui sur les recommandations et propositions des participants (plus de 300), dont des membres du gouvernement, les partenaires sociaux et des personnalités indépendantes, notamment des experts nationaux vivant en Algérie et à l'étranger.