Docile et gros client du lobbysme américain, le Makhzen, qui dépense des fortunes pour soigner son image auprès du monde, doit s'en mordre les doigts. Une tribune publiée, il y a quelques jours, sur les colonnes du Washington Post, a fait voler en éclats tout le travail de cette diplomatie parallèle. Le prestigieux quotidien américain a fait de terribles révélations sur la politique d'acharnement contre les opposants marocains, dont des journalistes. Dans un témoignage poignant, la journaliste Afaf Bernani a mis la lumière sur «l'avenir troublant» de la liberté d'expression au Maroc. Elle a raconté la torture psychologique, les pressions et les menaces qu'elle a subies de la part du régime marocain. «La violence à caractère sexuel reste une triste réalité au Maroc», a-t-elle affirmé sur les colonnes du journal américain. Pourtant, ajoute cette journaliste aujourd'hui en exil, en ciblant de manière sélective des journalistes indépendants, «le régime marocain envoie un message inquiétant aux victimes, selon lequel, les seules accusations qu'il souhaite prendre en compte sont - simplement - celles visant des opposants au régime en place. Non seulement cela banalise la violence sexuelle, mais cela annonce un avenir troublant pour la liberté de la presse au Maroc». Elle a estimé que les autorités marocaines exploitent «à des fin politiques» des allégations «infondées» contre des opposants. Le 29 juillet dernier, les autorités marocaines ont arrêté le journaliste Omar Radi, arguant de longs mois d'enquête ayant abouti au fait qu'il collaborait avec les agences de renseignements étrangères. Le jour de son arrestation, Radi a annoncé qu'il fait aussi face aux charges de viol. Une accusation dénoncée par plusieurs ONG comme étant une pure «fabrication des officines sécuritaires du Makhzen». Selon le Washington Post, le journaliste Radi n'est pas le seul journaliste a être accusé «d'abus sexuel». Le régime marocain en fait un recours systématique contre ses opposants. La journaliste Afaf Bernani raconte, toujours sur les colonnes du Washington Post, que tout au long du processus qui a abouti à la condamnation de Bouachrine à la peine de 15 ans de prison, «j'ai enduré de multiples formes de harcèlement et de torture psychologique. Je me suis retrouvée plongée dans un processus juridique douteux qui m'a privé de mon libre arbitre et de ma dignité». C'est dans ces conditions que cette journaliste a fui son pays d'origine, «loin de ma famille et de mes proches», a-t-elle regretté.