Le journaliste, ancien présentateur du principal JT de la télévision officielle marocaine, Mohamed Radi Ellili, a révélé mercredi que les services de renseignement marocains menaient une campagne abjecte de dénigrement et de harcèlement moral contre tous les journalistes opposés au régime du Makhzen. Dans un entretien à l'APS, M. Mohamed Radi Ellili, qui est d'origine sahraouie, a précisé que la monarchie marocaine "utilise de nouvelles méthodes pour se débarrasser des journalistes d'opposition" en ayant recours à leur "assassinat moral en les jetant en prison pour des affaires de mœurs et des vidéos à caractère licencieux montées de toutes pièces". Pour ce faire, "le régime du Makhzen mobilise des médias tendancieux, tels que la chaîne Chouf TV, qui publient des vidéos à caractère licencieux en les imputant à des opposants et propagent des informations mensongères sur l'origine de leurs familles", a-t-il expliqué, faisant remarquer que le roi Hassan II "assassinait ses opposants physiquement", quand Mohammed VI "utilise les affaires de mœurs pour les réprimer". "La presse et la liberté d'expression sont actuellement soumises à d'importantes restrictions au Maroc, la machine de répression du Makhzen menant une attaque féroce contre un groupe de militants marocains devenus une source de nuisance pour la monarchie", a-t-il fait savoir, en voulant pour preuve les peines de 3 à 5 ans de prison infligées à des facebookers marocains ayant critiqué le roi. Il a longuement évoqué "les crimes de la monarchie marocaine contre les journalistes marocains qui s'opposent à sa politique coloniale et à ses méthodes répressives". Plusieurs d'entre eux ont fui vers la France, demandant l'asile "leur vie étant en danger", a-t-il dit. Il a précisé avoir été l'une des victimes de "cette campagne orchestrée par le Makhzen", ce qui l'a contraint à fuir vers la France fin 2016 "après avoir subi des pressions de la part du régime marocain trois années durant". Le régime a poursuivi ses campagnes de diffamation à son encontre en France, en interdisant sa petite famille de le rejoindre avec la complicité des autorités françaises, de même qu'il a tenté, par tous les moyens, de lui interdire de s'adresser à l'opinion publique sahraouie et marocaine qui le connait en tant que présentateur du principal JT (20:00) de la Télévision marocaine. "Mes comptes Facebook sont actuellement bloqués sur pression du régime marocain. Ma principale chaine You Tube a été supprimée le 5 décembre courant, alors qu'elle frôlait les 100.000 abonnés", a-t-il dit, indiquant que "les autorités françaises sont conscientes que le régime royal fait subir des harcèlements aux journalistes, c'est pourquoi elles leur accordent le droit d'asile". Lire aussi: Bolton: le Maroc a sabordé la tenue du référendum au Sahara occidental "J'ai été l'une des victimes des dossiers liés aux affaires de mœurs. Ils ont accusé ma mère d'adultère et mon père d'avoir eu un enfant illégitime", a ajouté Mohamed Radi Ellili. Le régime du makhzen croyait que ces méthodes "influeraient sur l'image du journaliste auprès de l'opinion publique marocaine, mais avec les derniers incidents, le peuple marocain commence à prendre conscience". Le journaliste raconte des cas similaires de collègues contraints par ces mêmes pratiques marocaines à demander l'asile. "Mon cas n'est pas unique, il y a aussi le cas du journaliste Hicham Mansouri qui a obtenu l'asile après avoir été victime d'une campagne de diffamation au Maroc, et a été jeté en prison avant d'aller en France en 2016", a-t-il rappelé citant également le cas des journalistes Abdessamad Ait Aicha et Réda Boura qui ont obtenu l'asile politique en France après "une campagne d'intimidation et de harcèlement menée à leur encontre par le régime marocain". Pour M. Ellili, les "affaires de mœurs", sont les plus fomentées par les services de renseignement marocains contre les journalistes afin d'étouffer la liberté d'expression et la liberté de la presse, comme fut le cas avec Omar Erradi, emprisonné pour une implication dans une affaire de mœurs et dont le seul tort était d'avoir dénoncé la monarchie marocaine, et le journaliste Tawfik Bouachrine, condamné à 12 ans de prison". "Les journaliste et intellectuels sont parfois emprisonnés pour de faits fictifs ou vains", à l'exemple de Hamid El Mahdaoui qui a passé 3 ans en prison pour ne pas avoir signalé une tentative d'introduction d'un char au Maroc, dans une affaire montée de toute pièce, a poursuivi M. Ellili qui n'a pas manqué d'évoquer le cas de Nasser Zafzafi, un des acteurs les plus influents du Hirak du Rif, condamné à 20 ans d'emprisonnement alors que "les pilleurs des deniers publics et les corrompus qui sont à la solde Makhzen travaillent en toute aise et jouissent de la protection de la monarchie marocaine".