Dans son dernier éditorial, la revue El Djeich, la voix officielle de l'armée, évoque les contours de cette machination destinée à déstabiliser le pays. L'opération consistait, selon la même source, à créer «à dessein, certaines contraintes dans le but d'alimenter les tensions sociales et d'ébranler la stabilité du pays». Le pays a connu en effet, durant ces quelques dernières semaines, une succession intrigante de faits qui se sont déroulés en un temps record. Manque d'eau, feux de forêts, manque de liquidités dans les bureaux de postes, faible débit d'Internet, ce qui est largement suffisant pour attiser la colère des citoyens, déjà éprouvés par trois mois de confinement, en raison de la pandémie du coronavirus. Trop d'événements et trop de coïncidences, ce qui a fait dire au président qu'il y a une volonté de susciter une colère sociale. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a révélé, le 3 août dernier, à Alger, que les phénomènes liés au manque de liquidités au niveau des bureaux de poste, aux feux de forêts et aux perturbations de l'alimentation en eau potable (AEP), ainsi que les coupures d'électricité enregistrées dans plusieurs régions du pays étaient des «actes prémédités» visant à «créer la fitna et l'instabilité» dans le pays. Pour l'éditorialiste d'El Djeich, ces actions de sabotage ont un but précis. Il s'agit de faire avorter l'avènement d'une Algérie nouvelle. Le changement «global et radical», tel que revendiqué par le peuple algérien, «est déjà en route» et «avance à pas sûrs», souligne l'éditorial de la même revue. Si El Djeich avoue, dans le même éditorial, tolérer des contraintes objectives, comme la pandémie de coronavirus, qui freinent quelque peu l'avènement de cette Algérie promise, il s'affirme en revanche, intraitable sur les complotistes. «La bataille du changement radical qui a sa logique, ses outils, ses hommes et ses sacrifices, se poursuivra inexorablement quel qu'en soit le prix», a écrit la revue reprenant les propos du chef de l'Etat. Pour El-Djeïch, «les prémices de ce changement souhaité ‘‘commencent à poindre à l'horizon''», ajoutant que sur le plan interne, ce changement s'est manifesté par une ferme détermination à imprimer une réelle impulsion au développement national, en particulier au niveau des zones d'ombre qui ont souffert, des années durant, de la marginalisation. Au plan extérieur «notre pays a renoué avec son leadership à l'échelle régionale et internationale». Subtilement, l'édito d'El-Djeïch, a lancé un appel aux Algériens pour concrétiser les revendications légitimes du peuple et en finir avec l'héritage des 20 dernières années. «L'instauration de l'Etat de droit implique nécessairement la conjugaison des efforts de tous et le resserrement des rangs», car comme le note El Djeich, sans ambages, il y a réellement des forces internes qui s'opposent au changement. Cette sortie coïncide avec l'adoption, en Conseil des minis-tres, de l'avant-projet de la révision constitutionnelle. Il s'agit, a-t-on constaté, d'asseoir «les fondements de la nouvelle Algérie, représentée par l'organisation d'un référendum sur la révision constitutionnelle, afin de permettre au citoyen d'exprimer son avis sur l'avenir de son pays».