N'a-t-on pas retenu les leçons du coronavirus? Sept mois après le début de la pandémie, la rentrée des écoles et des universités pose encore problème. Pourtant, dès le début de cette crise sanitaire, l'enseignement supérieur semblait avoir pris de l'avance sur les autres secteurs. Il avait réussi une transition numérique rapide en lançant des plates-formes permettant aux étudiants d'avoir accès à leurs cours en ligne. L'année universitaire a pu se poursuivre dans la majorité des établissements. Certains ont même organisé des soutenances et des examens en ligne. Certes, ce n'était pas parfait! Il y a eu des disparités entre une région et une autre, notamment en ce qui concerne l'accès et la qualité de l'Internet. Mais dans l'urgence, l'université algérienne a quand même réussi à sauver les meubles. Mieux encore, elle a été le théâtre de l'innovation puisque de jeunes étudiants, de différentes régions du pays, ont apporté des solutions pour faire face au coronavirus. Des solutions simples et innovantes qui ont facilité la vie des citoyens montrant ainsi le génie qui sommeillait en chaque étudiant algérien. On pensait, dès lors, que le réveil de l'université a sonné! C'était le moment de faire confiance à nos jeunes talents afin de les pousser à apporter des solutions pour la numérisation de l'université en général et de la rentrée en particulier. Néanmoins, il semblerait que nous n'ayons pas retenu les leçons du passé. Car, à quelques jours de cette rentrée, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, fait une grande révélation! «Un groupe de travail interministériel planche actuellement sur le renforcement de la numérisation du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique», assure-t-il fièrement. «Ce groupe de travail composé de représentants de l'enseignement supérieur et de la poste et des télécommunications», a-t-il ajouté sous la «bénédiction» du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Economie de la connaissance et des Start-up, Yacine El Mahdi Oualid. «Cela oeuvrera à consolider la numérisation du secteur», a soutenu le ministre. «L'action de ce groupe devra apporter une forte dynamique à l'enseignement à distance et faciliter la communication interactive sur les plates-formes numériques de formation, de recherche et de gouvernance», a assuré Benziane qui a relevé que les résultats détaillés du travail du groupe seront annoncés «dans les proches délais». A-t-on réellement le temps d'attendre ces résultats? Vont-ils apporter quelque chose de concret? L'approche avec laquelle est abordée la problématique semble «biaisée», voire pas adaptée à la problématique de la numérisation, puisque la Commission interministérielle n'est pas composée des principaux concernés par ce défi, à savoir les enseignants et les étudiants. Il est inconcevable qu'une vraie stratégie de digitalisation et de numérisation naissent d'une solution aussi bureaucratique qu'un Conseil interministériel représenté par des fonctionnaires de différents ministères.