La politique étrangère, domaine réservé des chefs d'Etat, s'est invitée lors de l'allocution prononcée par le président de la République à l'occasion de sa visite au ministère de la Défense nationale. Une situation dictée par un contexte géopolitique explosif à nos frontières. Sur le flanc Est la Lybie plongée dans un chaos politique depuis la chute, le 20 octobre 2011, de l'ex-guide de la Jamahiriya, Mouâmmar El Gueddafi, s'apprête à affronter une étape incertaine après que le chef du gouvernement d'accord national (GAN) libyen, Fayez al-Serraj, reconnu par les instances internationales a annoncé sa démission fin octobre. Une situation qui laisse augurer l'espoir de la tenue d'élections libres, étape essentielle qui doit mener vers la paix. Un processus soutenu ardemment par l'Algérie qui a en partage avec ce pays voisin une frontière de près de 1000 km. «L'Algérie, avec sa position stratégique et son poids régional, poursuit ses efforts permanents pour aider les frères en Libye à trouver de bonnes solutions politiques qui passent, impérativement, par l'organisation d'élections débouchant sur des institutions souveraines loin des ingérences et des conflits internationaux qui ne feront qu'aggraver la situation dans la région», a affirmé le président de la République. Libye La position de l'Algérie est immuable pour résoudre la crise libyenne. Le dialogue doit prendre le dessus. Les armes doivent se taire. Les Libyens doivent s'asseoir autour d'une même table et mettre un terme à leurs différends. Partisane d'une solution politique pour sortir la Libye du bourbier dans lequel elle s'est enlisée, sa position a fait l'unanimité lors du sommet de Berlin qui s'est tenu le 19 janvier 2020. Dans la foulée de ce rendez-vous qui avait réuni de grandes puissances (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie...), l'Algérie avait accueilli, le 23 janvier, les chefs de la diplomatie des pays voisins de la Libye. «L'appel de l'Algérie, qui commence à être entendu par les puissances, prône le retour à la légitimité populaire», a souligné Abdelmadjid Tebboune. Coup d'Etat «En l'absence d'une solution consensuelle, qui doit être populaire, la Libye court droit à une catastrophe.» a-t-il averti. Sur le flanc Sud, du pays le Mali qui vient de désigner un successeur à l'ex- président Ibrahim Boubacar Keïta déposé par un coup d'Etat dans le sillage d'un mouvement de contestation populaire, ne repose pas encore sur des institutions assez solides qui puissent garantir de façon pérenne son unité pour répondre aux menaces terroristes des groupes islamiques armés, d'une éventuelle sécession de sa partie Nord revendiquée par la rébellion touarègue ainsi qu'aux prises d'otages et des trafics en tous genres (armes, drogues, cigarettes...) sources de financement de la branche maghrébine d'Al Qaîda qui, rappelons-le, s'est dotée d'un matériel militaire ultrasophistiqué après s'être servie dans les arsenaux de l' ancien président, El Gueddafi. Le chef de l'Etat y fait référence. «L'histoire retiendra tous ces faits: en 2011, la Libye s'effondre et en 2012, des caravanes de camions transportant des armes se dirigent vers le Sahel. Le Mali connaît alors un coup d'Etat et un vide politique qui a aggravé la situation» a-t-il rappelé soulignant la position immuable de l'Algérie. «Nous prônons l'union nationale au Mali et n'accepterons pas de scission du pays ni de division du peuple malien», a martelé le locataire d'El Mouradia. Sahara occidental «La solution au Mali passe par la légitimité populaire. Les jeunes maliens doivent être associés à la gestion de leur pays, tout en leur trouvant des solutions économiques» a indiqué Abdelmadjid Tebboune. «L'Algérie est disposée à aider ce pays», a-t-il affirmé. Concernant le conflit sahraoui le premier magistrat a appelé à «l'application des décisions de l'ONU afférentes au dossier du Sahara occidental concernant l'organisation d'un référendum d'autodétermination, reporté depuis près de trois décennies, la nomination dans les plus brefs délais d'un Envoyé du secrétaire général de l'ONU et la relance du processus de négociations entre les deux parties au conflit». Nommé en août 2017, l'ex-envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental Horst Köhler réussira à organiser une première table ronde qui s'était tenue les 4 et 5 décembre 2018 à Genève. Elle avait laissé entrevoir une lueur d'espoir pour voir enfin des négociations directes s'instaurer entre le Maroc et le Front Polisario après un silence qui aura duré près de 9 ans. Il enchaînera avec un autre round qui a eu lieu les 21 et 22 mars au même endroit avant de démissionner au mois de mai 2019. Quant à la question palestinienne elle a été qualifiée de «cause centrale», par le chef de l'Etat. Abdelmadjid Tebboune qui a assuré le peuple palestinien du «soutien indéfectible» de l'Algérie à sa «cause juste et à sa lutte pour le recouvrement de sa terre spoliée». Les conditions de vie, déplorables, du peuple palestinien dépossédé de ses terres sous l'oeil complice de certains pays arabes qui ont décidé de le poignarder en décidant de normaliser leurs relations avec l'occupant israélien, réactivent la poudrière du Moyen-Orient.