«Inquiétante!». C'est comme cela qu'a qualifié le directeur de l'institut Pasteur, (IPA) la situation sanitaire en Algérie. Un mot des plus lourds qui n'a pas été utilisé par nos autorités de santé publique depuis plusieurs mois. Ce qui dénote que l'épidémie est en nette augmentation. D'ailleurs, le docteur Fawzi Derrar a profité de son passage à la matinale de la Radio nationale Chaîne 3 pour tirer la sonnette d'alarme. Il avertit que les prochains jours seront très difficiles. «Les jours à venir seront plus difficiles à gérer y compris en Algérie en raison, notamment de l'arrivée de la saison hivernale, propice au déploiement du coronavirus», a mis en garde l'invité de Souhila El Hachemi. L'inquiétude du docteur Derrar est d'autant plus grande que l'Algérie a pu observer ce qui s'est passé dans les pays européens ces dernières semaines. Une situation qui nous rappelle amèrement ce que nous sommes en train de vivre actuellement. «C'est pour cette raison que la recrudescence des cas Covid risquerait, alors, de se reproduire également en Algérie», a alerté le docteur Derrar. Il avertit les Algériens sur le fait qu'un retour vers un confinement plus «sévère» que le premier n'est pas à écarter. C'est dans ce sens qu'il lance un appel à la population afin de retrouver les bonnes habitudes qui nous ont permis de revenir à une situation presque normale. «Il doit y avoir une prise de conscience généralisée. Nous devons être vigilants», soutient-il non sans rappeler que ce virus est mortel, coûtant la vie à une dizaine de personnes par jour. «Il faut être très sérieux et ne pas négliger les aspects les plus simples», a-t-il insisté. Le directeur de l'institut Pasteur tempère quelque peu ses propos en révélant que les autorités sanitaires s'attendaient à ce retour en force du coronavirus. D'ailleurs, il donne des explications de cette recrudescence. «Le nombre de cas a diminué de façon significative, mais le virus circulait toujours. Le relâchement généralisé, la reprise du travail dans les entreprises, la rentrée scolaire... ont fait que le nombre de rassemblements a augmenté, amplifiant le risque d'exposition au coronavirus», a-t-il expliqué. Ce spécialiste qui met en avant «l'imprévisibilité» de ce virus, fait savoir que l'IPA, s'attelle à mieux le comprendre. Des études et des recherches sont menées ces derniers mois à cet effet. «La prochaine publication par l'IPA d'une étude épidémiologique ayant identifié sept clusters principaux de circulation du virus», annonce-t-il tout en faisant savoir qu'il s'agit, entre autres, d'Alger, Blida, El Tarf, Ouargla, et d'Aïn Témouchent. «L'enquête en question a révélé que les principaux foyers sont familiaux», souligne-t-il. Le docteur Fawzi Derrar dénonce, par ailleurs, l'organisation de mariages «non réglementaires» dans certains endroits. Ce spécialiste tient, cependant, à rassurer que l'Algérie n'est pas encore dans la deuxième vague. «Nous ne sommes pas revenus à la courbe enregistrée durant le mois d'avril et il ne faut pas l'atteindre», rétorque-t-il avant de plaider pour le retour de certaines mesures préventives, à l'image du télétravail. Il préconise également d'éviter les rassemblements dans certains lieux comme les universités. Pour le docteur Derrar, la situation est encore maîtrisable, mais s'il n'y a pas de mesures prises rapidement et l'implication totale de la population, cela peut très vite dégénérer. Surtout que ceux qui parient sur les vaccins devront calmer leur ardeur. «Eu égard aux recherches actuelles, les premières doses du vaccin ne seront pas disponibles avant début 2021 alors que les campagnes de vaccination de masse ne pourront avoir lieu avant le printemps de la même année», a-t-il indiqué.