A propos de la situation inquiétante créée en Algérie par la recrudescence des cas de contaminations au Coronavirus ces derniers jours, le docteur Fawzi Derrar, directeur général de l'Institut Pasteur, qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III dont il était l'invité de la rédaction, estime que c'est la situation mondiale qui est inquiétante pour les cas de contaminations au Coronavirus, d'autant plus qu'il y a les prémisses d'une augmentation avec le temps sachant que toutes les conditions sont en train de se réunir pour que le virus reparte. Il appelle les Algériens à faire preuve de plus de vigilance et à développer certains concepts de prévention qui sont de plus en plus cruciaux pour l'avenir. Il rappelle que c'est un virus respiratoire qui circule et qui n'épargne personne. Il faut faire attention, dit-il, dans les institutions, les universités, les écoles, mais, précise-t-il, c'est un ensemble. Il souligne qu'aucune mesure préventive n'est à écarter, il faut prendre la décision juste quand les conditions sont réunies pour qu'il y ait une recrudescence. Il rappelle qu'en Europe, il y a une accalmie en septembre, mais avec un soubassement de 100 nouveaux cas par jour, ce qui signifie, fait-il remarquer, que le virus circule toujours. Ensuite, des entreprises ont repris le travail, le retour des congés, le nombre de rassemblements a augmenté, ce qui fait que le risque d'exposition au virus, s'est accru ; il y a eu la rentrée scolaire, et le facteur climatique a joué avec la baisse des températures qui favorise beaucoup les virus respiratoires. Il faut avoir à l'esprit, dit-il, ces conditions pour se préparer et être plus vigilant encore, «parce que dans les jours à venir, la situation sera sûrement plus difficile à gérer qu'auparavant». La situation est très sérieuse, insiste le Dr Derrar qui appelle à revenir aux mesures de base que sont la distanciation, le port du masque, qui peuvent sauver des vies. Il met en garde contre le relâchement qui peut coûter la vie. Les protocoles sanitaires doivent être appliqués dans toute leur rigueur, dit-il. Toutefois, le docteur Derrar relève que les données épidémiologiques en Europe, où la population est vieille, ne sont pas celles prévalant dans les pays africains, où la population est jeune, beaucoup moins concentrée dans son milieu et donc moins sujette aux risques de contamination. A propos de la grippe saisonnière «qui n'en est pas encore à sa phase de circulation», le Dr Derrar tient à dire qu'elle ne protège pas contre le Coronavirus. Il annonce qu'une commande de 1,8 million de doses a commencé à être réceptionnée par l'Institut Pasteur. Le Dr. Fawzi Derrar fait part d'une étude qui sera publiée bientôt concernant l'identification et le suivi de sept nouveaux foyers de contamination à l'Est et au Sud algérien (dont Alger, Blida, Boufarik, El-Tarf, Ouargla, et Ain-Témouchent), en particulier, une situation qu'il explique, concernant particulièrement les derniers jours, par le relâchement des gestes barrières. Il précise que l'enquête en question a révélé que les principaux foyers sont «familiaux», considérant qu'il s'agit de «rassemblements non indispensables», comme les repas familiaux avec beaucoup de personnes autour d'une table, déplorant, par ailleurs, l'organisation de mariages «non réglementaires» dans certains endroits. «Les indicateurs de cette enquête nous ont permis de connaître l'ampleur de l'épidémie que le pays a connue en avril et mai derniers, et de prendre nos précautions sur les cas pouvant survenir à l'avenir», a explicité le DG de l'IPA. L'Algérie réceptionnera «dans les jours à venir» les tests antigènes permettant de dépister «directement» le Coronavirus, a annoncé le Dr. Fawzi Derrar. «Ce qui va changer la donne par rapport à l'épidémie du Coronavirus, c'est l'apparition de tests antigènes rapides que l'Algérie réceptionnera dans les jours à venir. Ces tests détecteront directement le virus et ont une très bonne sensibilité». Tout en précisant la possibilité de recours à ces examens en «l'absence de tests PCR», il a assuré des efforts engagés par l'Algérie afin d'«élargir et d'uniformiser» l'accès à ce type de dépistage, à travers l'ensemble du territoire national et ce, d'ici mars 2021, se félicitant de la dotation d'un plus grand nombre de laboratoires privés en PCR mais évoque le prix des tests, très chers, qui doit être «discuté» pour qu'il soit accessible à tous.