Dans cet entretien, le docteur Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins et membre influent de la Commission nationale de veille et de suivi de l'évolution de l'épidémie de Covid-19, n'écarte pas la possibilité d'un nouveau durcissement des mesures anti-Covid-19. L'Expression: Le nombre de nouveaux cas de contamination est en hausse depuis le 12 octobre dernier. Sachant que, scientifiquement parlant, la durée d'incubation du coronavirus est de 15 jours, une question taraude les esprits. Peut-on dire que nous sommes engagés dans une deuxième vague? Docteur Bekkat Berkani: Tout à fait. La deuxième vague a commencé. Nous sommes même dans une situation extrêmement préoccupante.Ceci, non seulement par rapport aux chiffres officiels donnés par le Comité scientifique, mais par rapport, également, aux estimations faites dans le secteur privé qui montrent qu'il y a un nombre importants de personnes qui sont touchées par le virus. Les chiffres communiqués ne reflètent donc pas la réalité avec exactitude? Non, puisqu'il faut d'abord savoir qu'un bon nombre de personnes échappent aux tests. Ce sont, en particulier, les malades asymptomatiques. Et puis, il faut retenir que les statistiques officielles donnent le nombre des personnes testées au sein des hôpitaux publics et «confirmées» atteintes par le virus. Cependant, je souligne que les estimations des consultations confirmées par scanner ou test sérologique venant du secteur privé, révèlent l'existence d'un autre nombre de personnes. Même s'ils n'ont pas été confirmés suite à des tests PCR, les sujets, furent testés positifs par scanner ou test sérologique, et cela après avoir présenté des dégrés de symptômes «importants», comme la perte de l'odorat et l'apparition du syndrome grippal. Quelles mesures préconisez-vous de mettre en place, face à cette recrudescences du nombre de cas? La situation épidémiologique va être examinée cet après-midi (de la journée d'hier) par les membres du Comité scientifique pour, probablement, suggérer au gouvernement des mesures appropriées. Je pense qu'il faut opter pour toutes les mesures préventives qui ont inversé la donne, il y a de cela quelques mois, soit au cours de la première vague. Le port du masque doit être de nouveau rendu obligatoire. Les institutions de l'Etat qui ont la charge du contrôle et de l'application de toutes les mesures préventives ont le devoir de sévir, puisque les citoyens ont tendance à oublier le Covid-19. Il faut donc faire appliquer la loi dans les transports et les locaux commerciaux. On doit revenir aux préablables sous peine de mesures coercitives prévues par la loi.L'Etat doit sur le plan de la prise en charge, réserver une structure entière dans chaque wilaya du pays, à fort taux de contagiosité à l'intention du Covid-19. Je souligne, dans ce sens, que les hôpitaux font face à un important afflux de contaminations. C'est une réalité. Certains services sont submergés et on ne peut pas continuer dans cette gestion, puisque le nombre des structures d'accueil sont limitées. Il faut qu'il y ait un degré d'organisation d'accueil. Cette augmentation du nombre de cas coïncide avec la veille de la reprise des cours dans les CEM et les lycées. Doit-on laisser les établissements concernés fermés? Je ne pense pas que le retour en classe des élèves des deux cycles précités, puisse poser des problèmes de fond, notamment avec l'application et la mise en place du protocole sanitaire dédié aux établissements scolaires. Les écoles qui ont servi de centre de vote, sont en cours de désinfection, le protocole sanitaire a été respecté, pour le primaire. Je ne pense pas que nous devrions reporter la date de la rentrée scolaire, puisque nous n'avons pas eu trop de difficultés à faire appliquer le protocole sanitaire contre le Covid-19, «testé concluant» lors de la reprise des cours du cycle primaire. Il ne faut pas aussi perdre de vue les opérations de désinfections des établissements scolaires transformés en bureaux de vote, qui sont en cours. Docteur, vous êtes également membre de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Quel bilan faites vous sur le déroulement de ce rendez-vous électoral? On a contrôlé le processus électoral de bout en bout. Toutes les mesures préventives du protocole sanitaire dédié au référendum sur l'adoption de la nouvelle Constitution ont été appliquées: marquage sur le sol, disponibilité du gel hydro-alcoolique et des bavettes dans tous les centres de vote. Néanmoins, il est possible qu'il y ait eu quelques dépassements, mais ils ne sont pas significatifs et ils ne sont pas de nature à influer sur le déroulement du rendez-vous électoral.