L'opération militaire lancée mercredi par l'armée éthiopienne contre la région dissidente du Tigré, dans le Nord de l'Ethiopie, a des «objectifs clairs et limités», a affirmé vendredi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, au lendemain de l'utilisation d'une rhétorique guerrière par les deux camps. «Les opérations (...) en cours dans le Nord de l'Ethiopie ont des objectifs clairs, limités et réalisables: rétablir l'Etat de droit et l'ordre constitutionnel, et protéger les droits des Ethiopiens à vivre paisiblement où qu'ils soient dans le pays», écrit M. Abiy sur son compte Twitter. Les dirigeants de la région, issus du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), parti qui a longtemps dominé le pouvoir en Ethiopie jusqu'à l'arrivée de M. Abiy en 2018, défient depuis plusieurs mois le gouvernement fédéral du Premier ministre. Prix Nobel de la paix en 2019, M. Abiy a annoncé mercredi le lancement d'opérations militaires au Tigré, en représailles à l'attaque de bases militaires éthiopiennes sur place. Le TPLF a nié la réalité de cette dernière, accusant le gouvernement de l'avoir inventé pour justifier son offensive sur le Tigré. Sur Twitter, M. Abiy assure également vendredi que le gouvernement a «patiemment essayé depuis plusieurs mois de résoudre pacifiquement ses différents avec la direction du TPLF», mais attribue l'échec de ses efforts à «l'orgueil démesuré et l'intransigeance criminels du TPLF». Jeudi, le chef d'état-major de l'armée éthiopienne avait affirmé que l'Ethiopie était désormais «entrée en guerre» contre les autorités du Tigré, le président de la région estimant de son côté qu'Addis Abeba avait déclenché «une guerre, une invasion» contre le Tigré. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé à une «désescalade immédiate des tensions» dans le Nord de l'Ethiopie et à une «résolution pacifique» des différends entre Addis Abeba et les autorités du Tigré. «Je suis profondément alarmé par la situation dans la région éthiopienne du Tigré. La stabilité de l'Ethiopie est importante pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique», écrit M. Guterres sur son compte Twitter. Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) a averti jeudi soir que si «elle n'était pas rapidement arrêtée, l'actuelle confrontation armée (...) serait dévastatrice, non seulement pour l'Ethiopie, mais pour la Corne de l'Afrique toute entière». Voici quelques jours, un général nommé par Addis Abeba n'a pu se rendre au Tigré pour y prendre ses fonctions, alors que les tensions y sont extrêmement vives.