Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo qui campe sur la même ligne de front que le président Donald Trump en refusant farouchement de reconnaître la défaite du candidat républicain à la présidentielle effectuera du vendredi au dimanche prochain une tournée en Europe et au Moyen-Orient pour démontrer que la diplomatie américaine est toujours fidèle à la ligne tracée depuis quatre ans. Ce faisant, il va rencontrer des dirigeants qui ont salué sans hésitation l'élection de Joe Biden, sourds aux contestations émanant de la Maison-Blanche et reprises par le Département d'Etat. Pompeo va d'abord débarquer à Paris et nul doute que le climat y sera quelque peu tempéré, les relations entre Paris et Washington ayant sans cesse valser entre le chaud et le froid depuis au moins deux ans. Puis le chef de la diplomatie américaine s'en ira en Turquie, où l'attend dans une posture plus conforme le président Recep Tayyip Erdogan, en Géorgie, en Israël évidemment et chez les trois alliés du Golfe, l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats et Bahreïn, ces deux derniers ayant donné une ample satisfaction au tandem Trump-Pompeo en normalisant leurs relations avec l'Etat hébreu. Principal objectif de cette tournée qui intervient dans un contexte pour le moins tendu, il s'agit pour Mike Pompeo de vanter les «efforts historiques» de l'administration Trump qui a beaucoup oeuvré, selon lui, pour «favoriser la paix et la coopération à travers le Moyen-Orient». Ainsi, la préoccupation majeure de Trump et de son administration est-elle accomplie, le milliardaire et son clan n'ayant négligé aucune entreprise pour permettre au gouvernement sioniste de leur «ami» Benjamin Netanyahu de mettre les bouchées doubles dans sa politique d'annexion des territoires palestiniens occupés illégalement depuis juin 1967 et de poursuivre, ainsi, la stratégie expansionniste des colonies financées par le gendre et conseiller de Trump, Jared Kushner. Pourtant, cette tournée ne sera pas entièrement dévorée par la question du soutien inconditionnel à l'Etat sioniste. Pompeo va se livrer au jeu du chat et de la souris avec la plupart des dirigeants qu'il va rencontrer, dès lors que certains d'entre eux n'ont pas pris de gant pour féliciter chaleureusement Joe Biden pour sa victoire à la présidentielle du 3 novembre. Cela va commencer à son arrivée à Paris, le président français Emmanuel Macron ayant salué le candidat démocrate dès l'annonce du résultat, avant d'avoir un entretien téléphonique avec lui, mardi dernier. On ima-gine, sans peine, le langage dont Trump a chargé Pompeo, à l'adresse de Macron et de quelques autres dirigeants. Si Benjamin Netanyahu a pu jouer sur les deux tableaux, réconfortant son «ami» Donald, tout en rappelant à son «ami» Joe les liens «affectueux qui les lient depuis fort longtemps, tel n'est pas le cas des Saoudiens, des Emiratis et du Qatar qui n'ont pas le même statut, loin s'en faut. Le principal message du secrétaire d'Etat sera donc conforme à sa déclaration, lors de la conférence de presse, mardi, à Washington: «Il y aura bien une transition en douceur», mais ce sera une transition «vers une seconde administration Trump». Cherchez l'erreur.