Il aura fallu plus d'un mois après que l'armée d'occupation marocaine a attaqué des civils sahraouis dans la zone tampon d'El Guerguerat pour que le Conseil de sécurité de l'ONU parvienne à se pencher, hier, sur le dossier du Sahara occidental. Entre-temps, l'agression marocaine a eu pour effet de rendre caduc l'accord de cessez-le-feu intervenu en 1991 que Rabat n'a d'ailleurs jamais respecté, au contraire. En outre, le royaume de Mohammed VI a cru avoir trouvé une échappatoire en monnayant la normalisation de sa relation avec l'Etat sioniste en échange d'une reconnaissance de sa prétendue souveraineté sur le territoire sahraoui, reconnu comme en attente de décolonisation par les Nations unies depuis de très nombreuses décennies. C'est à la demande expresse de l'Allemagne qui siège en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité que celui-ci a tenu une réunion pour entendre Bintou Keita, la sous-secrétaire générale pour l'Afrique, et Colin Stewart, le chef de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), qui ont présenté les derniers développements qui caractérisent la dangereuse évolution du conflit. Par avance, il semble que le Conseil de sécurité soit de nouveau interpellé sur l'urgence de la nomination d'un nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, en vue de relancer la dynamique des négociations pour la poursuite du processus politique de décolonisation du territoire, un processus sabordé par le Maroc au point que l'ancien émissaire de l'ONU, Horst Kohler, n'a pas eu d'autre choix que celui de présenter sa démission en mai 2019. Déjà, le Conseil de sécurité avait souligné dans la dernière résolution 2548 sur le Sahara occidental relative à la poursuite du mandat de la Minurso l'importance et l'urgence de cette nomination «dans les plus brefs délais» mais c'était sans compter avec les manoeuvres incessantes du Maroc et de ses parrains occidentaux et sionistes. Avec la reprise des affrontements entre le Front Polisario et l'armée marocaine tout au long du double mur de la honte que Rabat a concocté dans l'illusoire intention de s'ouvrir la route vers la Mauritanie, la réunion par visioconférence du Conseil de sécurité va nécessairement revêtir un enjeu primordial, à la fois pour le SG de l'ONU et pour la communauté internationale, dans son ensemble, tant ce dossier a tardé à mobiliser les efforts nécessaires pour répondre à la longue, très longue même, attente d'un peuple sahraoui spolié de son droit à l'autodétermination. Il est heureux que la décision du président américain sortant, Donald Trump,«reconnaissant» unilatéralement la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ait été condamnée par une vague internationale d'appels au strict respect du droit et des résolutions de l'ONU ainsi que de nombreux appels à son successeur Joe Biden pour balayer cette «reconnaissance» monnayée que ni l'ONU, ni l'Union africaine, ni l'Union européenne, entre autres organisations, n'ont accepté dès lors qu'elle va à l'encontre des résolutions onusiennes et de la politique traditionnelle des Etats-Unis.