Les Sahraouis estiment que les Etats-Unis n'ont plus le droit de formuler des propositions au Conseil de sécurité de l'ONU concernant la résolution de ce conflit, considéré comme une question de décolonisation par les résolutions onusiennes. L'Afrique du Sud, qui préside actuellement le Conseil de sécurité de l'ONU, a dénoncé lundi soir la décision américaine de Donald Trump concernant sa reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie de la normalisation des relations entre le royaume et l'occupant israélien de la Palestine, ont rapporté les agences de presse. "L'Afrique du Sud estime que toute reconnaissance du Sahara occidental comme faisant partie du Maroc équivaut à reconnaître l'illégalité et, en tant que telle, elle est incompatible avec le droit international", a déclaré l'ambassadeur sud-africain à l'ONU, Jerry Matjila, lors d'une réunion à huis clos à New York, consacrée au conflit au Sahara occidental, à la demande de l'Allemagne. "Les décisions contraires aux décisions collectives multilatérales doivent être rejetées", a-t-il ajouté, en référence à la décision du président américain sortant. "Nous attendons avec impatience la nomination du nouvel envoyé du secrétaire général, poste vacant depuis plus d'un an, pour soutenir les négociations et la reprise du processus politique", a ajouté l'ambassadeur, après avoir été briefé par Colin Stewart, le représentant spécial et chef de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), et la sous-secrétaire générale pour l'Afrique, Bintou Keita. "Notre position sur les déclarations concernant le Sahara occidental n'a pas changé, et nous continuons de croire qu'une solution peut être trouvée par un dialogue fondé sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité" de l'ONU, a réaffirmé pour sa part le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, Stéphane Dujarric. "Il n'y a pas de changements opérationnels majeurs de notre part", a insisté Stéphane Dujarric avant le briefing du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Réagissant à la réunion du CS de l'ONU, le gouvernement sahraoui a affirmé hier que "l'adhésion du Conseil de sécurité à la nature juridique de la question sahraouie et à la solution pacifique fondée sur les résolutions de légitimité internationale constitue une condamnation de la politique d'occupation et de ses complices visant à confisquer le droit du peuple sahraoui. Une autodétermination et une indépendance inaliénables et un coup dur pour la déclaration du président américain sortant", lit-on dans un communiqué du gouvernement de la République sahraouie, relayée par l'agence officielle SPS. " Certains membres du Conseil ont vivement critiqué la déclaration du président américain sortant, qui fait perdre à son administration le droit de formuler des décisions sur le Sahara occidental, dont elle bénéficiait auparavant", ajoute le communiqué, soulignant que "les informations disponibles de sources onusiennes indiquent que le Conseil a été informé de l'initiative du Maroc de violer le cessez-le-feu à Guerguerat et de reprendre les combats entre les deux parties en conséquence". La décision de Trump intervient dans le sillage de la violation par Rabat, le 13 novembre dernier, du cessez-le-feu onusien, en vigueur depuis 1991, en s'attaquant à des civils sahraouis manifestant pacifiquement à Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie. Les autorités sahraouies affirment par ailleurs que le Maroc, soutenu par la France (membre permanent du Conseil de sécurité qui a le droit de veto), a fait en sorte d'empêcher la tenue de cette réunion à huis clos. "On sait que la puissance occupante, avec la complicité de la France, comme d'habitude, a tenté de faire obstacle à la tenue de cette session, si le but n'était pas d'exiger un cessez-le-feu, ce qui a été une grande déception pour l'occupant" marocain, a conclu le communiqué de la RASD.