Ce n'est pas tant l'interdiction elle-même qui posait problème, mais celle de promulguer la décision d'interdiction à quelques jours seulement avant l'arrivée des touristes dans leurs lieux d'hébergement. Face à cette situation, les agences de voyages se sont levées, nombreuses, pour exprimer leur désarroi et surtout leur scepticisme quant à la crédibilité d'une volonté réelle de développer le tourisme domestique. Annuler en dernière minute est concevable et pourrait même être compréhensible, en situation d'urgence. À n'importe quel moment, en effet, ce type de décision peut être pris si l'on considère que «péril est en la demeure». Il faut seulement envisager cela comme force majeure et assumer les conséquences pour toutes les parties prenantes aux transactions, en l'occurrence les transporteurs, aériens ou terrestres, les hôteliers et les voyagistes. Le client ne devant en aucun cas être l'otage de tous les intervenants qui se partageraient ses versements pour la célébration du Nouvel An. Les observateurs verraient dans cet évènement de fin d'année un manque d'esprit de responsabilité et un manque de professionnalisme de la part des uns et des autres. Ainsi, après l'interdiction, dans une wilaya du Sud-Ouest, de toutes fêtes à l'occasion du Nouvel An pour raison de sauvegarde de la santé des citoyens, les agences de voyages auraient dû, à notre sens, s'abstenir de déplacer leurs clients jusqu'à réception d'un contre-ordre écrit par cette même autorité ou une autorité supérieure. Bien naïf qui tiendrait compte d'une annulation verbale de l'interdiction exprimée par note officielle. Par ailleurs, il est légitime de se poser la question de savoir pourquoi un protocole sanitaire spécialement conçu pour les établissements hôteliers et de restauration si ces mêmes établissements doivent, au bout du compte, rester fermés. Un protocole sanitaire est l'ensemble des règles qui permettent d'exercer une activité tout en assurant la protection de la santé autant des prestataires que des clients. Les évènements rapportés par les réseaux sociaux et se rapportant au mécontentement des voyagistes suite à l'interdiction des célébrations du Nouvel An dans la région du Sud-Ouest ne sont qu'un élément du désarroi connu par les acteurs du tourisme pendant les 10 derniers mois de l'année 2020. L'année 2020 a montré toute la faiblesse de la structure touristique et de façon plus marquée, en période de crise et face à l'adversité. Pourtant, les prémices d'un tourisme domestique ont été largement et généreusement imposées dès la fermeture des frontières internationales et l'assèchement des voyages à l'étranger. Des espoirs sont nés face au sinistre dans lequel se sont retrouvés les professionnels du tourisme et des perspectives prometteuses se sont présentées. Les acteurs majeurs du secteur se sont, en effet, regroupés autour d'un Comité de pilotage opérationnel pour relancer l'activité suite aux effets de la pandémie du Covid-19 pour offrir des packages de qualité aux meilleurs tarifs, tant en séjours qu'en transport multimodal. De gros efforts ont été consentis par toutes les parties au voyage touristique. Et des signes d'une dynamique étaient perceptibles quoique les résultats ont été mitigés. Il ne suffit pas d'avoir de bons tarifs en transport et en séjours hôteliers pour que le produit touristique soit une réussite. Il faut aussi une logistique organisationnelle solide, un esprit d'anticipation sur les événements et un sens marqué des responsabilités. Il faut également des corporations plus actives, plus dynamiques et surtout plus représentatives. Une représentativité à la mesure du défi qu'impose le développement du tourisme domestique et à la mesure de l'adversité à laquelle est confronté le secteur du tourisme.