Quitter clandestinement le territoire national ou encore ce qui est appelé «la harga» est d'autant plus phénoménal que les bilans sont ahurissants. L'année 2020 aura été «dédiée» aussi bien par les jeunes que par la police à ce phénomène auquel, durant tout le long de l'année ils ont livré une bataille ardue. Les jeunes tentent de rallier l'Eldorado incertain, tandis que les policiers qui font face en redoublant de surveillance. Les bilans de l'inspection de police de la région Ouest de la police font état de 190 affaires liées à la harga qui ont été traitées en 2020, celles-ci ont impliqué 980 individus dont 54 femmes et 48 mineurs. Ces derniers ont tous été interceptés, alors qu'ils tentaient de rallier l'autre rive de la Méditerranée, à bord des embarcations de différentes constructions, Zodiac, pneumatiques, artisanales et autres. Si la mer constitue jusque-là le meilleur moyen permettant la traversée, les services de l'inspection régionale de la police font état de neuf affaires liées aux tentatives de quitter le territoire national par voie terrestre. Toutefois, le processus ou encore tout le mode opératoire utilisé par ces vendeurs des rêves est connu, tout comme d'ailleurs la cartographie de «la harga». Les passeurs, construisant des empires de la «harga», commencent par procéder à la location des embarcations de fortune à bord de la mer, notamment aux abords des plages non surveillées. Celles-ci servent de camps de concentration à l'intérieur desquels sont entassés des dizaines de candidats attendant la «calma», avant d'être envoyés au front de la mort, qu'ils payent à coups d'importantes sommes d'argent. Ces passeurs passent ensuite à la seconde étape. Celle-ci consiste au recrutement des cas désespérés en leur proposant monts et merveilles à travers les réseaux sociaux. L'étau se referme sur ces damnés de la terre dès qu'ils remettent des liasses d'argent à leurs agents «transitaires». Ces candidats se retrouvent contraints d'attendre de longs jours sans ne rien voir venir, d'autres sont délestés de leur argent et d'autres encore sont brutalisés et agressés. Il s'agit d'une véritable traite humaine des temps modernes. Les policiers de l'inspection régionale ont, pour ce faire, mis en place un plan rigoureux, consistant d'abord à mettre sous intense surveillance ces passeurs proposant leurs «services», via Internet. Leurs compères, sur le terrain ratissent en long et en large les plages susceptibles de se transformer en salles «d'embarquement» à ciel ouvert. En collaboration avec les autres corps de sécurité, plusieurs réseaux ont été démantelés et plusieurs centaines de harraga ont été interceptés. Les derniers en date remontent à la semaine passée. Les éléments des gardes-côtes à Béni Saf dans la wilaya d'Aïn Témouchent ont réussi à sauver, au large, 15 candidats à l'émigration clandestine, suite à un appel de détresse parvenu aux services de la police sur le numéro vert 1548, a-t-on appris mercredi auprès de la cellule de communication et des relations publiques de la sûreté de wilaya. Les services de la police d'Aïn Témouchent ont reçu, lundi dernier, un appel téléphonique sur le numéro vert 1548 d'un candidat à l'émigration clandestine demandant de l'aide à partir d'un Zodiac transportant 14 autres au large du littoral au nord de la plage de Targa (Aïn Témouchent), a-t-on indiqué. Ces personnes en détresse ont été sauvées, mercredi soir, par l'unité flottante relevant du groupement territorial des gardes-côtes de Béni Saf.