Prenant acte de l'aggravation de la situation épidémique due à la propagation accélérée du nouveau coronavirus, les autorités sanitaires tunisiennes ont décidé, hier, de maintenir le couvre-feu sur l'ensemble du territoire, de 20h à 5h, et ce du 25 janvier au 14 février prochain. «La situation sanitaire actuelle est extrêmement grave» et «nous n'avons d'autre issue que d'appliquer strictement les protocoles sanitaires et les gestes barrières», a souligné Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé, à l'issue de la réunion de l'instance nationale de lutte contre le coronavirus, en présence du chef du gouvernement, Hichem Mechichi. En outre, vont être «créées des commissions sectorielles qui veilleront à l'application rigoureuse des protocoles sanitaires», «maintenir l'interdiction des déplacements entre les villes et de tous les rassemblements et festivités, outre la poursuite du travail par alternance et par groupes, jour par jour, et du télétravail». Seule concession, élèves et étudiants peuvent reprendre les cours. Les personnes âgées de plus de 65 ans sont invitées à rester confinées. Face à la grogne des gérants de cafés et de restaurants, l'instance a affirmé qu'ils devront veiller au respect des protocoles sanitaires, sous peine de sanctions. La porte-parole n' a pas caché combien la situation est «très grave car les mesures n'ont pas été appliquées à la lettre». Si les indicateurs ne s'améliorent pas, d'autres mesures drastiques seront prises, tel que le confinement général, avec des «répercussions économiques et sociales encore plus dangereuses». C'est dans un tel contexte que le FMI a, hier, appelé les dirigeants du pays à prioriser les dépenses de santé, en veillant à contrôler la masse salariale, les subventions énergétiques « mal ciblées» et les transferts aux entreprises publiques. Faute de quoi, dit-il, le pays court vers un déficit budgétaire de l'ordre de plus de 9% par rapport au PIB. Une mission a été diligentée, entre le 9 et le 18 décembre 2020, puis le 4 et le 13 janvier dernier, pour constater que ce déficit s'est creusé en 2020, atteignant 11,5% du PIB, en raison d'une chute des recettes, une masse salariale croissante et des transferts imprévus au bénéfice des entreprises publiques. Ainsi, la Tunisie est-elle confrontée au double défi de sauver des vies face au Covid-19 et garantir les moyens de subsistance à la population. Que le FMI réclame une réduction des déséquilibres budgétaires, assortie d'un plan de réformes «crédible et clair» pour résoudre le dilemme de la dette publique, n'a rien de surprenant. Mais encore faudrait-il que cette démarche trouve un large consensus, voire un vrai pacte social, pour pouvoir aboutir réellement. Si la masse salariale de la fonction publique est «actuellement parmi les plus élevées du monde», ce n'est pas faute d'avoir essayé de réformer l'économie, avec la quête d'une équité fiscale et la lutte contre la corruption. Mais la Tunisie paie un lourd tribut au terrorisme qui l'a frappée, plus ou moins aveuglément, et à une pandémie de coronavirus, venue parachever l'objectif des commanditaires de sa déstabilisation. Difficile, dans de telles conditions, de trier les entreprises publiques selon leur viabilité financière ou de modifier leur gouvernance, au gré du bailleur de fonds.