Enfin le déclic! Abdelaziz Djerad a reçu, hier, l'ambassadeur russe en Algérie, Igor Beliaev, avec lequel, il a échangé sur les possibilités de production du vaccin Sputnik V localement. Selon le site facebook du Premier ministère, la rencontre entre ces deux responsables a été l'occasion de confirmer la solidité des relations entre Alger et Moscou, mais a aussi permis d'arriver à un accord pour initier des contacts entre les services compétents des deux pays dans le but d'établir une coopération bilatérale dans le domaine de la fabrication du vaccin Sputnik V en Algérie. Il s'agit là d'une grande nouvelle, laquelle si elle venait à être concrétisée, aurait d'énormes répercussions positives sur le pays. Car si l'Algérie arrive rapidement à se mettre à niveau pour lancer la production du Sputnik V, elle pourra non seulement couvrir les besoins nationaux, s'assurer le transfert de technologie et préserver ses devises. Le pays aura surtout permis à l'industrie pharmaceutique et aux exportations de faire un pas de géant vers l'avant. C'est dire que dans cette démarche, le pays a tout à gagner. Avec un besoin de 40 millions de doses pour assurer la campagne de vaccination d'au moins 70% de la population, l'Algérie peut mobiliser les moyens de l'industrie pharmaceutique et se lancer dans la production du vaccin. Surtout que cela ne se fera pas sans l'assistance de la Russie qui a formulé sa proposition d'un transfert de technologie, une assistance et une coopération pour une production conjointe, à deux reprises. La première fois, c'était le 2 décembre dernier, au cours de la conférence virtuelle de l'ONU consacrée à la présentation du Sputnik V. Le ministre russe de la Santé, Mikhaïl Mourachko, avait proposé aux représentants de 55 pays, dont l'Algérie, de produire localement ce vaccin. Le lendemain, le ministre délégué à l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, avait affirmé que l'Algérie avait les capacités de le faire. Une semaine après, c'est au tour de l'ambassadeur russe à Alger, Igor Beliaev, d'assurer que son pays était «prêt à coopérer avec l'Algérie pour lancer la production au niveau local». Il avait évoqué les diverses formes de coopération, à savoir l'acquisition directe, le transfert de technologie et la production conjointe ou la participation à la phase III des tests cliniques. Le transfert de technologie et la production conjointe sont deux propositions qui auraient pu, à ce moment-là déjà, interpeller nos responsables au plus haut point car le développement de l'industrie pharmaceutique figure parmi les priorités du gouvernement. Igor Beliaev avait même soutenu: «Nous avons discuté de cette question (produire le Sputnik V en Algérie, ndlr) lors de nos rencontres avec les ministres algériens de la Santé et de l'Industrie pharmaceutique». Chose que le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a confirmé, lors de son passage sur la chaîne Russia Today. Mais à l'entendre, cette question n'a pas été la priorité des échanges. «Nous avons certes, évoqué le sujet, mais de manière vague. Nous n'avons ni planifié ni approfondi la question» avait alors déclaré le ministre non sans reconnaître que l'Algérie avait les moyens de fabriquer le vaccin! Samedi dernier et à l'occasion du lancement de la campagne de vaccination en Algérie, l'ambassadeur Igor Beliaev a de nouveau réitéré la proposition de son pays d'assister l'Algérie pour lancer la fabrication du vaccin. Et heureusement cette fois, le Premier ministre a, de go, réagi en annonçant le lancement des contacts afin d'établir la coopération bilatérale dans ce domaine. Il s'agit là d'une opportunité que le pays se devait de ne pas rater par deux fois! Surtout si on rappelle que le SputnikV sera produit par la Turquie et peut-être aussi l'Allemagne dont la chancelière Angela Merkel n'a pas manqué d'afficher l'intention de son pays de produire ce vaccin et de l'utiliser, une fois que l'Union européenne l'aura validé. En Egypte, deux laboratoires, à savoir une filiale de Pharco Pharmaceuticals, BioGeneric Pharma, et RDIF, ont signé un accord pour lancer la fabrication du Sputnik V, le 20 avril prochain. En décidant de se lancer dans la fabrication du vaccin russe, l'Algérie s'offre une grande bouffée d'air en s'assurant des quantités suffisantes pour son peuple, surtout si la vaccination contre le coronavirus s'avèrera nécessaire périodiquement comme pour la grippe. Le gouvernement vient de revoir sa copie sur cette question et c'est ce qu'il fallait faire. Car, produire le Sputnik-V, un vaccin efficace à 95%, ne nécessitant pas des lourdeurs logistiques pour le stockage et le transport et dont le prix est relativement bas (environ 10 dollars la dose), ne manquera pas d'ouvrir les portes de l'exportation, notamment vers le marché africain.