Certaines sources indiquent que plusieurs noms manquent sur la liste du Pentagone, qui, d'après elles, est loin d'être exhaustive. S'achemine-t-on vers la fermeture du camp de détention de Guantanamo? Tout porte à le croire, puisque après les pressions internationales et l'injonction d'un juge fédéral américain, suite à une plainte de l'Associated Press (AP) exigeant l'accès aux informations concernant les détenus de Guantanamo, le Pentagone a finalement cédé. Il a publié mercredi dernier, la liste des noms et nationalités de 558 personnes qui sont ou ont été détenues sur la base navale de Guantanamo. Il s'agit de la liste des détenus dont le statut de «combattant ennemi» a fait l'objet d'une audience devant un tribunal militaire d'exception, entre juillet 2004 et janvier 2005. De nombreuses personnes, dont 25 Algériens figurant sur cette liste, ont été libérées ou transférées dans leur pays d'origine après comparution devant un tribunal d'exception, mais environ 490 d'entre elles restent emprisonnées. Toutefois, contrairement à la version du Pentagone affirmant que cette liste est complète et qu'il n'existe aucune autre personne actuellement détenue à Guantanamo, certaines sources indiquent que plusieurs noms manquent sur la liste du Pentagone, qui, d'après elles, est loin d'être exhaustive. C'est une fois de plus le feuilleton des prisons secrètes de la CIA qui ressurgit, laissant supposer que des détenus ont été transférés vers des lieux tenus secrets ou ont été carrément éliminés. A noter que les prisonniers mentionnés proviennent de 40 pays. 130 d'entre eux viennent d'Arabie Saoudite, 125 sont Afghans, plus de 100 Yéménites, 25 Algériens, 22 Chinois et 13 Pakistanais. D'autres, en plus petit nombre, viennent du Tchad, des Maldives, de Russie ou d'Ouzbékistan, du Maroc, de la Tunisie, de l'Egypte...et de la Tunisie. Sur la liste figurent notamment les noms de David Hicks, le «taliban australien», l'un des dix qui doivent bientôt être jugés par un tribunal militaire. Ou encore Muhammed al-Qahtani, un Saoudien qu'on considère comme ayant dû être le «20e pirate de l'air» du 11 septembre 2001, mentionné par le Français d'origine marocaine Zacarias Moussaoui au cours de son procès ; l'armée avait jusqu'à présent toujours refusé de confirmer qu'il était bien détenu à Guantanamo. Les Algériens mentionnés sur le document sont : Houari Abderrahmane, Saïd Hassan Mujamma Rabai, Hadj Arab Nabil, Al Qadir Mohamad, Belbacha Ahmed Ben Salah, Faghoul Abdulli, Ameziane Djamel Sid Ali, Farhi Saïd, Zoumiri Hassan, Sameur abdennour, Barhoumi Sofiane, Labed Ahmed, Hamlili Mustapha Ahmed, Ammeur Mammar, Houari Sofiane Abar, Ben Hamlili Abdelhadi Al Jazairi, Lahmar Saber Mahfouz, Nechla Mohamed, Aït Idir Mustapha, Boumediène Lakhdar, El Hadj Boudella, Boucetta Fethi, Naji Abdelaziz et Mohamed Abdelkader. Cette liste vient, ainsi, révéler que les chiffres annoncés officiellement par les autorités algériennes, qui s'étaient basées sur les informations fournies par les autorités américaines, se sont avérés faux. Des ressortissants algériens sont emprisonnés au camp de concentration de Guantanamo et subissant les pires formes de torture, sans qu'il leur soit possible de se défendre, d'avoir accès aux charges retenues contre eux, de voir leurs familles ou d'avoir un avocat. A noter que la publication de ces noms a déclenché des appels de militants des droits de l'Homme de plusieurs pays, qui réclament l'intervention de leurs gouvernements pour faire libérer leurs prisonniers. C'est le cas, notamment, de la Mauritanie et du Bahreïn, tandis que le Pakistan a accusé Washington de rétention d'information, affirmant que 22 de ses ressortissants étaient toujours détenus à Guantanamo et non pas sept. L'Algérie qui, à la lumière de la nouvelle liste du Pentagone, vient de se rendre compte que l'affaire est loin de se limiter aux seuls Algériens ayant pris la nationalité bosniaque et qui, par conséquent, sont censés être protégés par cet Etat, doit entreprendre des démarches pour la libération des autres ressortissants. Ce qui est sûr, c'est que le dossier n'a pas été en reste des entretiens entre M.Mohamed Bedjaoui avec John Negroponte, directeur national du renseignement américain, lors de la visite effectuée les 12 et 13 avril en cours aux Etats-Unis.