L'usine de trituration des graines oléagineuses de Taher, dans la wilaya de Jijel, devra reprendre ses activités de production dans les semaines ou mois prochains. Cela dépendra de la cadence de mise en exécution des instructions du chef de l'Etat, dans le transfert de propriété de l'usine en question. L'usine d'huile des Kouninef, aux prises avec la justice algérienne dans des affaires scabreuses, devra donc changer de main. Néanmoins, le projet qui est grandiose, de par l'investissement colossal qu'il a engrangé et les enjeux stratégiques qu'il représente en matière d'autosuffisance alimentaire et la cessation des monopoles privés en la matière, requiert davantage de mesures, faut-il préciser. Selon la fiche technique de ce projet d'envergure, d'un coût d'investissement de 250 millions de dollars US, dont 90% consentis par une banque publique, l'usine de Taher est destinée à la transformation et le stockage des graines oléagineuses d'une capacité de 6000 t/jour. Le projet qui n'a pas connu d'avancées notables depuis 2019, est à même d'engendrer un impact socio-économique important, tant pour la région que pour l'économie nationale, est-il rapporté par les autorités locales alors. On compte à ce sujet, plus de 561 postes d'emploi directs et 1500 autres indirects au départ de la production. L'usine de Taher propriété de la SPA Nutris, filiale du groupe KouGC, qui a procédé en 2000 à l'acquisition de deux unités de l'entreprise publique Cogral (Safia), devait assurer la production d'huile et de tourteaux à hauteur de 78% destinée à l'alimentation animale, 20% d'huile végétale et 2% de résidu. Implantée sur deux superficies distinctes de 33,5 hectares, dont une (7,5 h) dans l'enceinte du port de Djenjen, cette usine est également dotée d'une capacité annuelle de stockage de l'ordre de 30000 t pour ce qui est de l'huile, 100 000 t pour la farine, et enfin 30000 t pour les tourteaux. Le projet avait pourtant bénéficié de tous les égards nécessaires, étant donné la proximité des frères Kouninef, propriétaires du projet, avec les cercles et sphères de décisions alors, mais n'a pas connu d'avancées notables. Selon les informations fournies, alors par les responsables locaux, «les installations et 80% des équipements nécessaires ont été importés et étaient bel et bien en place». Ajouter à cela, les raccordements aux réseaux d'AEP, gaz et électricité, sans compter le raccordement au réseau ferroviaire, aux fins de favoriser le transport et la commercialisation, dans des conditions optimales. Durant la même période, un autre complexe industriel de trituration des oléagineux devait voir le jour à l'Ouest du pays, et plus exactement dans la zone d'El Hamoul à Oran. Ce dernier était destiné à une trituration de 3 000 tonnes/jours de soja, pouvant aboutir à la production de 600 t/jour d'huile et 200000 t/an. Ce projet qui était destiné à un partenariat avec le groupe français «Lesieur», devait engendrer 1 000 postes d'emploi directs et 3 000 autres indirects, selon les informations fournies alors. Faut-il le noter, l'importance de la récupération de ce projet réside surtout dans l'économie de la devise forte qui sera préservée et la réalisation de l'autosatisfaction alimentaire. Cela, sans compter la lutte contre le monopole et la spéculation dans ce domaine. La relance d'un tel projet, pourrait contribuer à l'implantation et la consolidation des cultures de Soja, Colza et Tournesol dans le pays. L'entrée en service de cette usine devra mettre fin également à l'importation de produits intermédiaires (huile brute), destinés à la transformation au sein des usines de raffinage, déjà en activité. Selon des données économiques du département américain de l'agriculture Usda, l'Algérie est le deuxième pays africain consommateur d'huile de soja, après l'Egypte. Elle se situe en quatrième position également, en matière d'importation de cette graine oléagineuse. Selon un rapport élaboré l'Usda, l'Algérie gagnerait à «lancer de nouveaux projets d'investissement ou d'extension des capacités de trituration de l'oléagineux,... principaux moteurs du développement de l'industrie». Le rapport cite également «la hausse des coûts d'achats du Soja durant les trois dernières campagnes», du fait de la croissance de son «utilisation dans la production d'huile et des tourteaux utilisés dans l'aliment de bétail». «Les importations de graines de soja ont ainsi connu une progression fulgurante en passant de moins de 150 000 tonnes en 2017/2018 à plus de 550 000 tonnes en 2019/2020 avec près de 70% des cargaisons provenant du Brésil et des USA. Déjà, la hausse de la capacité domestique de trituration a permis de réduire le volume des importations de tourteaux de 1,51 million de tonnes en 2017-2018 à 1,14 million de tonnes en 2019-2020», note le même rapport.