À surveiller comme le lait sur le feu! Au terme d'une enquête sur les activités de ses membres, le ministère de la Justice aurait, selon certains sites spécialisés, adressé au gouvernement un projet de motion. Celle-ci vise à classer le mouvement «Rachad», en tant qu' «organisation terroriste». Une première depuis la création, il y a 14 ans, de ce Mouvement, issu de la confrérie des Frères musulmans. Le gouvernement compterait ainsi durcir le ton vis-à-vis de l'héritier «naturel» du Front islamique du salut dissous (ex-FIS). En effet, le ministère de la Justice compterait faire adopter une motion demandant au gouvernement de placer le mouvement Rachad, succédané de l'ex-FIS, sur la liste noire des entités terroristes. La motion propose de prendre les mesures juridiques nécessaires à l'encontre des membres de Rachad, présidé par Larbi Zitout - poursuivi pour gestion et financement d'un groupe terroriste ciblant la sécurité de l'Etat et l'unité nationale, faux et usage de faux et blanchiment d'argent, dans le cadre d'une bande criminelle. Quant aux raisons invoquées, ayant motivé l'élaboration de ce projet de motion, les mêmes sources évoquent «la propagation de la pensée obscurantiste et la multiplication des tribunes entretenant le discours extrémiste incitant à la haine. Et ce, à travers les réseaux sociaux, notamment Facebook et YouTube». En effet, Rachad est soupçonné de chercher à infiltrer et entraîner dans la violence le mouvement pacifique du Hirak. Par ailleurs, le mouvement, constitué des résidus de l'ex-FIS dissous, est devenu maître dans la manipulation des masses, tout en prônant en catimini la violence, le terrorisme et l'expiation des opposants politiques à même de préparer le terrain à l'hégémonie sur le pouvoir. Dans une analyse, le chercheur et enseignant, Ahmed Bensaâda, soutient que le discours «sournois» de Rachad possède «une expertise dans la propagande de guerre», selon «les cinq principes énoncés par le journaliste-essayiste Michel Collon»: cacher les intérêts, cacher l'histoire, diaboliser l'adversaire, se faire passer pour les défenseurs des victimes, monopoliser et empêcher le débat. Si le gouvernement Djerad donne suite à cette motion, le mouvement Rachad rejoindra d'autres organisations inscrites sur la liste des entités terroristes au niveau international. Loin d'être un simple exercice politique, la décision d'inscrire cette «entité» sur la liste des organisations terroristes est basée sur les renseignements et les preuves recueillis par les services de sécurité. Dans ce cadre, les mêmes sources avancent que «les autorités sécuritaires et judiciaires nationales ont préparé un dossier lourd sur les membres de l'organisation qui comprendrait des preuves irréfutables quant à l'implication des membres du mouvement Rachad dans le soutien et le financement d'actes de violence et de terrorisme en Algérie et dans d'autres pays». Les mêmes services auraient récolté des preuves de l'implication des membres de Rachad dans des opérations de corruption et de blanchiment d'argent. Parmi les preuves, figureraient des enregistrements audio avec des personnes recherchées en Algérie pour des accusations de terrorisme, dont justement le terroriste Ahcène Rezkane dit Abou Dahdah» et l'ancien membre de l'ex-FIS, Ahmed Mansouri, contre lequel un placement sous mandat de dépôt a été requis par le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs. Par ailleurs, les mêmes sources ajoutent que les autorités judiciaires algériennes auraient soumis un dossier complet aux autorités suisses et françaises sur l'implication des dirigeants de Rachad dans des actes terroristes, soulignant que «l'activité de ses membres est devenue une source d'inquiétude, même pour les pays européens». Sur la base du dossier, il n'est pas exclu que les autorités judiciaires de ces pays se joignent à l'initiative algérienne pour classer «Rachad» en tant qu'organisation terroriste. Des pays avec lesquels l'Algérie a signé des accords d'entraide judiciaire, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.