Un séisme qui a provoqué une chute historique. «De toutes les péripéties folles et inédites sur les marchés financiers depuis le début de la pandémie de Covid-19, aucune n'a été aussi stupéfiante que l'effondrement de lundi (20 avril 2020) dans un secteur clé du marché américain du pétrole», avait écrit l'agence Bloomberg. Une journée noire qui a vu les cours du West Texas Intermediate (WTI) plonger en territoire négatif pour la première fois de leur histoire, à moins 37 dollars. Le baril de Brent s'enfonçait de son côté à 16 dollars, son niveau le plus bas de ce siècle. Le pétrole américain ne valait plus rien. Les investisseurs qui se sont retrouvés avec des millions de barils sur les bras étaient prêts à payer d'éventuels acheteurs pour se débarrasser de leur pétrole. Un scénario invraisemblable. Qui l'aurait cru? Déjà endettées, Exxon Mobil, Chevron et ConocoPhillips ont vu leurs actions dégringoler respectivement de 8%, 13% et de 23% à la Bourse de New York. Cette dégringolade des cours de l'or noir et plongeon des Bourses vont mettre dans le pétrin les chercheurs d'or noir des temps modernes qui ont pullulé, ces dernières années au pays de l'Oncle Sam. La majorité s'est endettée à un point où elle sera obligée de carrément disparaître avec de tels «prix». Il faut, en effet, souligner que les Etats-Unis sont devenus premier producteur d'or noir grâce à une exploitation effrénée du pétrole de schiste au prix d'investissements financiers colossaux. «Le boom du schiste, qui a permis aux Etats-Unis de devenir le premier producteur mondial d'or noir devant la Russie et l'Arabie saoudite, a nécessité des milliards de dollars d'engagements financiers que banques et investisseurs, avec des taux d'intérêt particulièrement bas, ont accordés» souligne un rapport de Moody's rendu public vers la mi-février 2020. Et cela a un prix! «Les sociétés d'exploration et de production aux Etats-Unis et au Canada ont environ 86 milliards de dollars de dette à rembourser entre 2020 et 2024» indique la célèbre agence américaine de notation financière qui souligne que 62% de cette dette est considérée comme spéculative. Une bombe à retardement qui avait intérêt à être désamorcée le plus vite possible. La déflagration allait s'esquisser avec l'épidémie de Covid-19 qui s'est déclarée en Chine au mois de décembre 2019. Pour tenter de freiner la propagation de la pandémie, les frontières ont été fermées. Les flottes aériennes se sont retrouvées clouées au sol, les transports maritimes et terrestres à l'arrêt tandis que les entreprises se sont vidées de leurs salariés. Conséquence: la demande mondiale de pétrole s'est contractée de plus de 30%, ce qui s'est répercuté sur les prix du pétrole qui ont enregistré des baisses historiques. Avant que l'Arabie saoudite et la Russie ne leur portent le coup de grâce à travers la guerre des prix qui les a opposées. Les Saoudiens avaient décidé d'augmenter leur production à 12 millions de barils par jour et brader leur pétrole après le refus des Russes de répondre favorablement, lors d'un sommet qui s'est tenu le 6 mars à Vienne, en Autriche, à leur proposition de procéder à une nouvelle coupe de la production de l'alliance Opep-non Opep. Ironie de l'histoire ce sont ces deux poids lourds mondiaux du marché de l'or noir qui seront à l'origine du rebond des prix en rangeant leur différend au placard. Le 1er mai 2020 l'Opep+ retire près de 10 millions de barils par jour. Cela signera la fin du cauchemar américain. Le baril de WTI se situe, aujourd'hui, au-dessus des 63 dollars...