Ses funérailles ont eu lieu lundi dernier. Le monde du cinéma italien perd l'une de ses plus «belles» figures internationales : Alida Maria Laura von Altenburger, connue sous le nom de Alida Valli, morte dans sa maison de Rome à l'âge 84 années. Fille d'un journaliste autrichien, née le 31 mai 1921 à Pola sur les bords de l'Adriatique, (Pola est une ville de la région d'Istrie), elle entre dès 1934 au Centre expérimental cinématographique de Rome et débute à l'âge de 15 ans dans Le Chapeau à trois pointes (Il Cappello a tre punte) de Mario Camerini. Pour partenaire, elle avait l'un des grands comédiens de l'écran et du théâtre, Edouardo De Filippo ainsi que deux autres interprètes de renom de cette époque: Peppino De Filippo et Luigi Almirante. Remarquée, elle monte une à une les marches du succès, de petits rôles en petits rôles, elle devient une vedette reconnue. En 1942, elle tourne sous la direction de Goffredo Alessandrini Nous vivants (Noi Vivi), film qui, cependant, a failli la mettre hors course du monde cinématographique; ce film a été refusé par le régime fasciste de Mussolini. Avec ce prétexte du film refusé, Alida Valli cesse de tourner dans ce qu'elle appelait de Propagande. Toujours, en 1942, elle est sur le set avec Piccolo mondo antico de Mario Soldati, où «la qualité» de son jeu dramatique lui vaudra un prix au Festival de Venise. Mais en 1943, la Valli est obligée de changer d'air et de disparaître pour quelque temps, s'étant attirée les «foudres» des fascistes italiens pour son refus «de propagande». (Ironiquement - comme le soulignent ses biographes - sa mère allait être fusillée par les partisans en 1945). En 1944, elle épouse le peintre surréaliste Oscar de Mejo, né en 1911 à Trieste, artiste apprécié et connu pour ses toiles mi-naïves, mi-réalistes. Mais ce mariage se termine quelques années plus tard, après que le couple eut immigré aux Etats-Unis et qu'Alida Valli ait décidé de revenir en Italie. Entre-temps, aux USA, elle a le temps de faire quatre films, dont les plus connus sont : The Paradise Case (1947) d'Alfred Hitchcock aux côtés de Gregory Peck, The Miracle of the Bells (1948) d'Irving Pichel avec Frank Sinatra, enfin en 1949, sous la direction de Carol Reed, le film qui lui donnera la consécration, et de là, lui ouvre les portes à une carrière internationale The Third Man (Le Troisième homme). En 1950, nous retrouvons la belle Alida Valli en France, dans un film d'Yves Allégret Les miracles n'ont lieu qu'une fois avec l'inoubliable Jean Marais, l'année après, elle retourne dans son pays. Deux «grands» de l'art de la caméra et du cinéma la courtisent: Luchino Visconti où elle joue le rôle de la comtesse Serpieri dans Senso où toute la critique l'encense: «Son interprétation est l'un des plus beaux portraits de femme amoureuse du cinéma italien» et Michelangelo Antonioni qui la fait tourner dans le Cri, sans oublier ses rôles vraiment importants avec des cinéastes de grand caractère, Pier Paolo Pasolini Oedipe Roi en 1967, Bernardo Bertolucci La Stratégie de l'Araignée en 1970 et 1900 en 1976. Mais nous ne pouvons citer toute sa filmographie, disons seulement que cette dame de l'écran a travaillé avec les grands metteurs en scène de Vadim à Chabrol, de Georges Franju à René Clément, pour ne parler que de quelques-uns. Walter Veltroni, le maire de Rome a écrit dans son message de condoléances: «Le cinéma italien perd un des visages le plus intense et significatif(...) La vie d'Alida Valli a été un grand exemple de style et de sobriété(...) Rome se souviendra d'elle comme une grande actrice aimée et admirée». Photogénique, Alida Valli a incarné la beauté et le charme de l'actrice italienne dans sa splendeur.