Trois longs métrages sous-titrés en français ont été sélectionnés pour présenter au public algérien un panorama du cinéma autrichien. Dans le cadre des journées du film autrichien organisées au musée du cinéma de la cinémathèque algérienne par l'ambassade d'Autriche en collaboration avec le Centre culturel français, il a été projeté samedi après-midi le film Né en Absurdistan (1999) de Houchang Allahyari, un Iranien vivant en Autriche. L'histoire met en scène un jeune couple autrichien «pure laine» qui se retrouve, à cause d'une erreur commise à l'hôpital, avec un nouveau-né d'origine turque. Désespéré, il tente par tous les moyens de retrouver l'enfant de leur sang. Or, le couple turc s'est fait renvoyer par le gouvernement autrichien en Turquie. Les sentiments qui priment, on tentera de faire rentrer le couple turc en Autriche en clandestinité. Et pour émouvoir l'opinion publique, on le fait passer dans une émission télé à grande écoute. Et ça marche! Le film renvoie, dira l'ambassadeur d'Autriche en Algérie, M.Thomas Michel Baier, à «la réalité en Autriche. Des lois qui sont strictes avec une tendance politique qui est pour la fermeture des frontières. Mais on constate que même dans les ministères, il y a des courants différents. Parfois on a de la chance. On, peut passer.», et de renchérir: «En Autriche, le gouvernement a peur de la presse. Chez nous, cela se passe vraiment comme cela. L'animatrice de cette émission télé de grande écoute existe réellement. La télévision, même si elle est étatique, a beaucoup d'influence». Présente elle aussi lors de la projection, l'universitaire, Sonja Etzelsdorfer expliquera pour sa part l'opposition qu'il y a entre la douceur de ces images ayant trait à la musique traditionnelle de Vienne, cette envie d'oeuvrer pour le tourisme et ces images violentes qui décrivent la répression des clandestins immigrés en Europe. Et de conclure: «L'amour est plus fort que les lois». Lors d'une conférence de presse animée dans la matinée, madame Etzelsdorfer précisera que ces journées du film autrichien qui se sont déroulées récemment à Oran ont laissé «une bonne impression auprès du public qui a apprécié les thèmes des films réalisés par une génération de cinéastes qui a beaucoup travaillé sur le sujet de l'immigration et des rapports de l'Autriche avec l'Orient». Ceci est effectivement le cas précisément lors de ce premier film projeté, qui pose avec acuité ce problème de l'émigration «commun au pays du pourtour de la Méditerranée», dira l'ambassadeur d'Autriche. Il fera remarquer par ailleurs que ces journées cinématographiques qui interviennent juste après le festival du film européen faut-il le préciser, portent sur des films mettant en relief «la confrontation de l'Autriche avec ses voisins de l'Est et les tourments qui caractérisent leur histoire commune». Et de confier plus loin: «Nous avons choisi 3 longs métrages en fonction de leur disponibilité, en sous-titrage français, en DVD et en question des droits d'auteur. Nous avions un autre film au programme mais nous avons préféré finalement ne pas le diffuser par crainte de déranger ou de choquer la sensibilité du public.» Il s'agit d'un film du réalisateur Ulrich Seidel, un des cinéastes les plus controversés de cette nouvelle identité du cinéma autrichien. Son premier long métrage de fiction Canicule (Hundstage), a été récompensé par le Grand prix du jury à Venise en 2001. L'ambassadeur a estimé lors du point de presse, que le cinéma autrichien aurait pu avoir un rayonnement plus grand, car ayant compté de grands noms, comme Fritz Lang,Von Stroheim et G.Wilhem Past. Mais tous ces talents, a-t-il déploré, sont allés vers d'autres pays possédant une industrie cinématographique florissante. «Les thèmes abordés par ce cinéma sont souvent inspirés de la littérature autrichienne, adaptée au grand écran tant dans son pays qu'en Allemagne où de nombreux cinéastes ont travaillé sur des sujets autrichiens», a-t-il dit. La langue et la culture communes aux deux pays ont donné lieu à une coopération «fructueuse» dans le domaine cinématographique, a-t-il encore noté. Evoquant l'évolution du cinéma autrichien, l'universitaire Etzelsdorfer a estimé qu'«à partir des années soixante, plusieurs réalisateurs autrichiens se sont convertis au cinéma expérimental en réalisant des films contestataires, ce qui leur a permis de trouver une place sur la scène internationale de la mouvance du film avant-gardiste». Elle citera dans ce sens Michael Haneke, figure de proue du cinéma autrichien depuis plus de quinze ans et connu surtout grâce à son film Le pianiste récompensé en 2001 par le Grand prix du jury au festival de Cannes. Haneke a depuis confirmé son talent. Le public algérois a par ailleurs, eu le plaisir d'apprécier, lors du récent festival du film européen, son dernier film Caché. Notons que c'est aujourd'hui que s'achève ce cycle du film autrichien à la cinémathèque par la projection de La mate religieuse (2001) de Paul Harather. Une femme mariée à la fleur de l'âge décide de se débarrasser de son mari pour mieux profiter d'une vie pleine de plaisirs. Mais bientôt il y aura un autre homme qui va l'ennuyer de nouveau. Un voisin voudra profiter de l'héritage de ses victimes...