Le chef de l' Etat a instruit, dimanche dernier, le gouvernement de créer, au titre de la loi de finances complémentaire 2021, un fonds où seront versés des capitaux détournés et éventuellement dilapidés en partie en Algérie et à l' étranger. «Le président Tebboune a instruit, dimanche dernier à Alger, le gouvernement à l'effet d'introduire des dispositions au titre de l'avant-projet d'ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2021, relatives à la création d'un fonds devant accueillir les fonds et biens détournés et confisqués en vertu de décisions de justice dans le cadre des affaires de lutte contre la corruption», indique le communiqué du Conseil des ministres. «Le fonds devra accueillir les fonds et biens détournés et confisqués en vertu de décisions de justice dans le cadre des affaires de lutte contre la corruption», a précisé le communiqué. Toutefois, tous les experts s'accordent à dire qu'il sera difficile de récupérer des capitaux détournés à l'étranger. L'application de la convention des Nations unies portant sur la lutte contre la corruption diffère d'un pays à un autre. Certains pays de l'Union européens(UE), destination de l'essentiel des fonds algériens détournés, n'affichent pas leur volonté de coopérer pour la restitution des fonds en question. Des experts en la matière affirment que le rapatriement d'une partie des fonds considérables détournés à l'étranger s'avère être une démarche extrêmement difficile et complexe, pouvant s'étaler sur des années. Dans ce contexte, le chef de l'Etat avait déclaré récemment que cette question reste «tributaire du prononcé de jugements définitifs dans des affaires intentées à l'encontre des auteurs qui devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds». Il avait révélé, dans ce sens, que moins de 15% des crédits faramineux octroyés par les banques aux oligarques, ont été récupérés jusqu'à présent. Il avait aussi fait état des démarches entamées par des ambassadeurs de l' Algérie à l'étranger pour la récupération de biens immobiliers, à l'image de l'ambassadeur algérien à Paris. En novembre 2019, le candidat Tebboune avait déclaré lors de sa campagne électorale pour la présidentielle, qu'il «détenait des informations sur la destination de l'argent détourné», affirmant qu' «il était en mesure de rapatrier la plus grosse partie de ces fonds transférés illicitement à l'étranger». Par ailleurs, il a instruit le gouvernement à l'effet d'encourager la finance islamique en vue de capter les fonds en circulation dans l'informel, notamment à travers une émission de bons du Trésor. Il a, en outre, chargé le gouvernement de «revoir à la baisse le nombre des fonds spéciaux et les inclure dans le processus ordinaire de gestion des recettes et dépenses de l'Etat avec toute la transparence et l'efficacité requises pour une meilleure maîtrise du budget général de l'Etat». Enfin, le ministre des Finances a exposé le projet d'ordonnance portant loi de finances complémentaire (LFC) 2021 prévoyant une batterie de mesures relatives à «la prise en charge des incidences de la crise sanitaire, l'appui du programme de développement dans les zones d'ombre et les dispositions législatives d'encouragement de la finance islamique et de l'investissement dans des secteurs vitaux».