L'Europe «ne se laissera intimider par personne» sur le thème migratoire, a lancé, hier, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, à propos de l'afflux dans l'enclave espagnole de Ceuta de milliers de migrants en provenance du Maroc. «Ceuta, c'est l'Europe, cette frontière est une frontière européenne et ce qui se passe là-bas n'est pas le problème de Madrid, c'est le problème de tous» les Européens, a déclaré M. Schinas, qui s'exprimait en espagnol. Bruxelles avait déjà exprimé mardi sa solidarité vis-à-vis de l'Espagne et appelé le Maroc, par la voix de la commissaire européenne Ylva Johansson, à empêcher les «départs irréguliers» depuis son territoire. «Personne ne peut intimider ou faire chanter l'Union européenne», a encore dit M. Schinas, qui a rappelé qu'il y avait déjà eu «ces 15 derniers mois quelques tentatives de pays tiers (...) d'instrumentaliser» la question migratoire. «Cela, nous ne pouvons pas le tolérer», a-t-il lancé, mentionnant nommément la Turquie. Selon les derniers chiffres du gouvernement espagnol, près de 8.000 migrants sont entrés illégalement à Ceuta depuis lundi matin. Sur fond de crise diplomatique majeure avec le Maroc, le gouvernement espagnol a répliqué mardi en convoquant l'ambassadrice marocaine pour lui exprimer son «mécontentement» face à l'arrivée de ces milliers de migrants. Le Maroc a immédiatement rappelé son ambassadrice à Rabat «pour consultation». Hier matin, plusieurs dizaines de soldats antiémeute étaient déployés le long des plages de l'enclave espagnole située dans le nord du Maroc et un bateau de la garde civile patrouillait afin de décourager ceux qui voudraient tenter d'arriver à la nage. Un nouveau renfort de cinquante agents supplémentaires en plus des 200 déjà envoyés, a été annoncé mardi soir, et 150 autres sont prêts à intervenir. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a promis mardi de «rétablir l'ordre» à Ceuta, qualifiant de «grave crise pour l'Espagne et aussi pour l'Europe» cet afflux inédit de milliers de migrants. Il a indiqué hier matin devant les députés espagnols à Madrid que 4.800 migrants avaient déjà été renvoyés au Maroc depuis lundi.